Dix-sept listes pour 4 sièges. L'issue du scrutin législatif dans la circonscription d'Agadir-Ida Outanane s'annonce très serrée. Du suspense dans l'air. Bastion traditionnel de l'USFP, Agadir restera-t-elle à gauche ou sera-t-elle victime de la gestion communale de ses élus locaux ? Agadir-Ida Outanane. Circonscription de quelque 215.000 électeurs qui fait l'objet d'une compétition intense de 17 listes pour 4 sièges. Dans cette zone électorale la plus prestigieuse d'Agadir, la campagne se déroule normalement, sans incident majeur. Les forces en présence les plus en vue, qui sont déjà implantées dans la région, se comptent sur les doigts d'une main. Par ordre d'importance, l'USFP, le RNI et l'UC. Une question qui taraude les candidats de ces partis : les électeurs donneront-ils une prime aux sortants ou bien ceux-ci risquent-ils de faire les frais d'un vote sanction ? Cette appréhension concerne principalement l'USFP qui se trouve en première ligne en raison de la gestion locale qui relève de ses élus. En effet, le parti contrôle aussi bien le conseil municipal à travers Mohamed Bouzidi que la communauté urbaine présidée par Miloud Belkhbizi. Tout le monde à Agadir pointe du doigt le bilan communal de l'USFP considéré comme un désastre. Pour éviter que cette situation préjudiciable ne se transforme en débâcle aux législatives, le parti d'Abderrahmane Youssoufi a dû prendre ses précautions. Il a écarté ceux qui passent pour être auprès de l'opinion gadirie, les symboles de l'impéritie locale : Abdallah Lahrouji et Mohamed El Ouatik. On a ainsi adoubé comme tête de liste le député sortant, Abderazzak Mouissat, un homme d'affaires local que l'on dit présentable. M. Bouzidi, lui, fut relégué en deuxième position. Ce dernier est accusé par ses adversaires de faire un forcing électoral mettant à contribution les moyens et le personnel de la commune dans l'espoir que la liste USFP remporte deux sièges. Le sien et celui de Mouissat. L'UC qu'in dit va être au coude-à-coude avec l'USFP se bat, lui aussi, pour ne pas être laminé. Pour cela, il compte sur la candidature de Saïd Addour, figure locale bien dans sa tête , qui affiche une sérénité à toute épreuve tout en se désolant de l'état de la circonscription d'Agadir-da Outanane. Le Mouvement Populaire ne manque pas d'atouts non plus. Avec Brahim Zerkdi comme tête de liste, par ailleurs président de la commune de Drarga, le parti de Mohand Laenser peut enlever son siège. Le RNI mise sur Brahim Chergaoui pour être représenté. On parle aussi d'un challenger, le candidat PJD du nom de Driss Jamil. Au détriment de quel parti celui-ci serait-il élu ? «Si les autorités avaient des moyens d'investigation très larges, les auteurs des actes délictueux auraient été débusqués», estime un candidat. Il ajoute : “ Puisque l'achat des voix se pratique, certains candidats tentent de faire la même chose“. Cependant, une rumeur circule dans la région selon laquelle “des agents secrets envoyés par Rabat“ ont fondu dans la foule pour traquer les électeurs corrompus et les candidats corrupteurs. Cette rumeur, fondée ou non, a eu un effet radical sur le déroulement de la campagne. Résultat: les gens font attention pour ne pas se faire prendre en flagrant délit… L'USFP a donc fort à faire pour défendre son bastion gardiri.. Les excroissances de la misère symbolisées par les bidonvilles sont partout qui rappellent une réalité amère. L'étendue des inégalités sociales. Et la faillite du personnel politique local. Promue à un bel avenir touristique, la magnifique baie de Taghazout fait partie du territoire de la circonscription. Si d'ici là rien n'est fait pour corriger cette face honteuse de la cité, la future station balnéaire aura à cohabiter dans les années à venir avec ce décor défiguré. À moins d'en faire des musées de la misère pour touristes en mal de sensations fortes d'un autre genre. “ Nous devons avoir honte autant que nous sommes de dire que nous sommes des responsables“, lâche un élu local dans un soupir d'indignation.