Après 10 heures de débat, l'examen des projets de la réforme des retraites reporté de nouveau à la semaine prochaine «Les projets de loi ne passeront pas», menacent les syndicats, «ils passeront coûte que coûte», rétorquent la majorité et ses alliés. Cet échange symbolise le déroulement de la première séance consacrée à l'examen des projets de loi liés à la réforme des retraites mercredi dernier. Après dix heures de tentatives de médiation, l'examen desdits textes n'a pas eu lieu à la deuxième Chambre parlementaire. Un énième report est donc décidé sous la pression des syndicats qui semblent prêts à tout pour bloquer la réforme sous sa forme actuelle. «Notre parlementaire était prêt à entamer une grève de la faim dès ce mercredi dans l'enceinte du Parlement si la séance n'avait pas été levée», affirme Abdelkader Zaer, secrétaire général adjoint de la Confédération démocratique du travail (CDT). Et de poursuivre : «Il ne s'agit pas d'une menace. La grève de la faim aura lieu si l'examen des projets de loi est de nouveau programmé. Nous ne serons pas d'ailleurs les seuls. D'autres représentants des syndicats vont aussi observer une grève de la faim». Alors que deux ministres, à savoir Mohamed Moubdii, ministre délégué de la fonction publique et de la modernisation de l'administration, ainsi que Idriss Al Azami Idrissi, ministre délégué chargé du budget, étaient venus en compagnie du directeur général de la Caisse marocaine des retraites (CMR), Mohamed El Alaoui El Abdellaoui, pour présenter les projets de loi en question, la séance s'est terminée en queue de poisson. Cela fait plus de deux mois que les textes ont été transmis par le gouvernement à la Chambre des conseillers. Mais les projets sont allés de report en report sous la pression des centrales syndicales représentées au Parlement avec le soutien d'une partie de l'opposition parlementaire. Pour la majorité et ses alliés chez les conseillers, il ne s'agit pas d'un report. «Nous avons décidé de maintenir la séance ouverte jusqu'à la tenue d'une nouvelle réunion au cours de la semaine prochaine. Il est impossible de continuer dans cette logique qui consiste à bloquer une réforme aussi cruciale que celle de la Caisse marocaine des retraites», déclare, de son côté, Abdessamad Lamrimri, conseiller parlementaire et secrétaire général adjoint de l'Union nationale du travail au Maroc, syndicat proche du leader de la majorité gouvernementale, le Parti de la justice et du développement (PJD). «Tout le monde doit assumer ses responsabilités puisque ce sont les retraités et les fonctionnaires qui sont les premiers perdants si la réforme devait rester bloquée encore plus», ajoute-t-il. Ce dernier affirme qu'il n'est pas question de retirer les textes en question de la deuxième Chambre qui doit dire son mot le plus rapidement possible. Reste à savoir si les syndicats mettront leur menace à exécution. Les centrales syndicales les plus représentatives avaient organisé, mercredi dernier, un sit-in devant le Parlement en protestation contre la programmation des projets de loi en commission. Désormais, les syndicalistes ont une seule revendication. Celle de retirer les projets de loi du Parlement et les soumettre à la table des négociations dans le cadre du dialogue social. Autant dire que le bras de fer entre gouvernement et syndicats ne fait que commencer.