Le constat est plus qu'alarmant. Le nombre des salles de cinéma à Casablanca ne dépasse pas huit alors qu'à Rabat, il y a seulement quatre salles en activité. Selon les statistiques du CCM, plus de trente salles ont été fermées dans ces deux villes entre l'année 2000 et 2015. La fréquentation des salles obscures est en chute libre depuis plusieurs années. Le constat de l'année 2015 est encore beaucoup plus regrettable. Selon les statistiques publiées par le Centre cinématographique marocain (CCM), depuis janvier dernier, les salles de cinéma n'ont drainé que 1.842.348 spectateurs en 2015. Plusieurs facteurs expliquent la désertion du public depuis au moins une dizaine d'années. «Les salles obscures étaient de plus en plus mal fréquentées, la plupart des salles qui existent sont dans un état lamentable. L'état des salles s'est beaucoup détérioré. Il faut voir l'état des chaises et des toilettes», atteste Hassan Belkady, exploitant du cinéma Rif à Casablanca. La chute de fréquentation des salles de cinéma est également due à d'autres facteurs, parmi lesquels, selon M. Belkady, «le problème de piratage, le nombre réduit des salles du cinéma, la qualité des films marocains, mais aussi le manque de communication». Les professionnels du secteur invoquent également la TVA appliquée. «Nous avons été soumis à une TVA de 20%, ce qui est absolument déraisonnable, puisque dans le monde entier, cette TVA ne dépasse pas 5%. Ce n'est pas avec ce genre de mesures qu'on pourra encourager les propriétaires à garder leurs salles de cinéma ouvertes au public», se plaint M. Belkady. Les salles de cinéma à Casablanca et Rabat, combien en reste-t-il ? Au Maroc, le nombre des salles de cinéma est passé de près de 300 à 35 en trois décennies. Les villes les plus touchées sont Casablanca et Rabat. Ces deux villes contiennent plus de salles fermées qu'ouvertes. Le constat est plus qu'alarmant. Le nombre des salles de cinéma à Casablanca ne dépasse pas huit alors qu'à Rabat, il y a seulement quatre salles en activité. Selon les statistiques du CCM, plus de trente salles ont été fermées dans ces deux villes entre l'année 2000 et 2015. D'ailleurs, plusieurs parmi elles ont cédé la place à des immeubles d'habitation quelconque. Il y a lieu de citer l'exemple des salles mythiques situées à Rabat-Agdal», «Le StarTAR», «l'ABC» ou «le Vox». D'autres salles connaissent un destin plus dramatique. Encastrées dans des ensembles, elles ne peuvent être démolies. Elles sont donc tout simplement abandonnées à leur sort, comme «Le Colisée», fermée en 2003 ou le « Mauritania» fermée en 2006. La salle «Marignan», transformée un temps, en librairie. Autre triste sort, la salle prestigieuse «Le Zahwa», située dans le quartier le plus huppé de la capitale, se trouve en totale décrépitude. Même les salles du «Dawliz» situées à Casablanca et Rabat sont fermées progressivement. Elles se sont transformées en établissements hôteliers. Pourquoi ces salles ont-elles été fermées ? Plusieurs causes expliquent le phénomène de la fermeture des salles de cinéma. Selon Samir Bouchaibi, chef de division de la distribution et de l'exploitation au sein du CCM, «les raisons de la fermeture des salles de cinéma sont multiples et diverses». D'abord, le recul alarmant des recettes guichets des salles qui ont vu leurs chiffres d'affaires baisser de 50% par rapport aux années antérieures, dû à la baisse de la fréquentation cinématographique, les salles n'ont pas pu suivre l'évolution technologique, l'absence d'une remise à niveau de l'infrastructure des salles ainsi l'apparition des nouveaux supports de projection (DVD, VOD, Streaming…). Selon M. Bouchaibi, la fermeture des salles reste également soumise à d'autres facteurs dont, notamment le changement du modèle d'exploitation qui a inversé la tendance des salles, la création des multiplexes, d'établissements plus modernes, plus attractifs et plus accessibles a instauré un nouveau mode de consommation chez le spectateur ainsi que le phénomène de la piraterie a contribué à la baisse de l'audience en salles de cinéma. Quelles sont les mesures prises pour la réouverture ? Pour pallier la chute du parc des salles de cinéma, l'Etat a instauré en 2013 un système de soutien aux salles sous plusieurs volets : la numérisation, la modernisation et la création des salles. Selon M. Bouchaibi, «ce dispositif d'aide est ouvert à tous les établissements et s'effectue dans le cadre d'un cahier des charges. Depuis 2013, le passage des salles au numérique soutenu par l'Etat est passé à 90% en 2015».