Alors que Mustapha se préparait à se débarrasser de son handicap grâce à la baraka du fqih, ce dernier tombe sur la chance de sa carrière. Au lieu de guérir Mustapha de sa maladie, il lui subtilise 27 millions. Douar Al Bacha, Caïdat Aguelmousse à Khenifra. Le samedi 11 mai 2002 à quinze heures, les éléments de la brigade de la gendarmerie Royale qui assuraient la permanence causaient entre eux quand un jeune homme, la quarantaine, fit irruption comme s'il fuyait une catastrophe. «Qu'est-ce que tu as toi, tu as le diable aux trousses ?», lui demande le chef adjoint de la brigade sur un ton sévère. Le jeune homme ne peut pas parler, il respirait difficilement. Le chef adjoint lui demande de s'asseoir. L'homme s'affaisse sur une chaise, reprend son souffle, baisse la tête pendant quelques secondes pour la relever ensuite, des larmes plein les yeux. Un élément de la brigade s'approche de lui, tente de le calmer. «Qu'est-ce que tu as ?», lui demande-t-il. L'homme pleurait encore de plus belle. Le chef adjoint et ses collaborateurs commencent à se poser des questions sur cette attitude bizarre. «A-t-il perpétré un crime ou est-il une victime ?» Interrogé sur son problème, l'homme se reprend avant de répondre : «Un fqih m'a subtilisé 27 millions de centimes…» affirme-t-il . Mustapha commence à relater son aventure avec ce présumé fqih. Agé de quarante-deux ans, agriculteur de son état, il souffre depuis son enfance d'une déformation au niveau des jambes. Ses parents ne l'ont jamais emmené à l'hôpital. Mais quand il a grandi, il n'a pu supporter son handicap. Il a commencé à chercher à droite et à gauche pour dépasser ce problème personnel. «Quelqu'un m'a parlé d'un fqih spécialisé dans l'exhumation des trésors et qui a pu aider des gens à se relever de leurs handicaps…», lui confie son beau-père. Ce dernier lui a raconté les exploits de ce fqih. Le croyant sur parole, Mustapha n'a pas hésité une seconde de lui demander : «Prends-moi un rendez-vous avec lui». La perspective de rendre service à Mustapha enchante le beau-père. Il s'est rendu chez son ami qui l'a emmené chez le fqih. Deux jours plus tard, ce dernier reçoit Mustapha. C'était en début du mois de mars 2002. Le fqih, âgé de trente-cinq ans, arrive chez Mustapha et lui demande d'acheter une chèvre de couleur noire. «Noire et non pas une autre couleur», insiste-il. En effet, la chèvre noire est amenée. Le fqih l'égorge, boit son sang et commence à réciter des versets du Coran, simulant une grande concentration. «Le Djin qui travaille avec moi te demande d'aller à l'autre chambre et de ne revenir qu'une fois que je t'appelle…», lui demande le fqih. Mustapha sort, regagne l'autre chambre. Le fqih reste seul, ouvre une armoire, y fouine à l'intérieur et met la main sur des liasses de billets d'argent. Il ferme l'armoire par la suite pour appeler Mustapha. Ce dernier le rejoint. «Tu dois te laver avec cette eau durant quinze jours», lui conseille-t-il. Dix jours plus tard, Mustapha ouvre son armoire pour la recherche rde son argent. A sa grande stupéfaction l'argent s'est évaporé. Il a alerté la police qui a immédiatement arrêté le fqih Ahmed. Ce dernier a nié les charges retenues contre lui. Mais le parquet général près la Cour d'appel de Meknès l'a mis en détention préventive. Le f'qih attend actuellement d'être jugé.