La 55ème réunion de la Société pour l'attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet (ICANN) qui se tient à Marrakech du 5 au 10 mars est la réunion de tous les superlatifs. L'ensemble des participants, des ministres et des responsables de nombreux pays ont qualifié cette réunion de la plus grande et la plus importante de l'histoire de l'Icann. Dix ans se sont écoulés depuis le dernier passage de cette dernière à Marrakech. Aujourd'hui, les défis sont nouveaux et revêtent une grande importance. Laquelle importance ne tire pas son essence uniquement du nombre de participants estimé à plus de 2.000 personnes, mais également de l'objectif fixé, celui de la transition et de la supervision des fonctions de l'internet. L'enjeu de ces travaux a clairement été exprimé dès leur ouverture lundi, par Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique. Et il n'a fallu que quelques mots pour enthousiasmer l'audience. «L'évolution de l'Internet dans le monde représente un indicateur fondamental de la centralité de cette ressource dans la stimulation de la croissance économique des nations. L'évolution remarquable de la connectivité, qui affiche aujourd'hui plus de 3,2 milliards d'individus connectés, les progrès technologiques impressionnants et la concentration des revenus à plus de 90% dans les pays développés sont autant de facteurs qui font que la gouvernance de l'internet se positionne au cœur des politiques internationales et nationales». C'est donc une occasion idoine pour les intervenants de dresser pendant toute la semaine un bilan de l'évolution du système mondial de l'internet, à un moment charnière pour l'avenir de sa gouvernance globale, puisque, comme l'a rappelé le ministre, «les participants ont pour mission de finaliser la proposition qui aboutira au transfert de la supervision des fonctions IANA – éléments clés du système des noms de domaine de l'nternet- du gouvernement des Etats-Unis à la communauté multipartite mondiale. Le ministre insiste sur l'importance de ce changement «qui devrait garantir une meilleure gestion commune des ressources dans le sens du respect de la diversité culturelle et linguistique et répondre davantage aux attentes des peuples, en particulier ceux en développement» . Ainsi, la réunion constitue pour les participants une opportunité pour l'élaboration d'une proposition, préparée depuis 2 ans et permettant de démontrer aux Américans que l'Icann est prête à être indépendante et de créer le premier bureau de l'Icann au sein de l'Afrique. D'ailleurs, Steve Croker, président du conseil d'administration de l'Icann a révélé l'ouverture du premier bureau de liaison en Afrique se fera à Nairobi au Kenya dans trois semaines. Le ministre n'a pas manqué de rappeler dans la foulée les grandes avancées du Royaume en la matière. Récemment, le Maroc s'est lancé dans un nouveau programme de modernisation pour améliorer les infrastructures de communication électronique de haut et très haut niveau. A très court terme, 65% de la population doit être connectée à internet à très haut débit et 100% des établissements publics doivent également l'être. Dans le même ordre d'idées, le directeur général de l'ANRT Azdine El Mountassir Billah a affirmé lors de cet événement que le Maroc partage avec le reste du monde les idéaux de progrès, de prospérité, de tolérance d'ouverture et de complémentarité. En sus d'être le théâtre de ce grand événement, le Royaume joue le rôle de médiateur. Et pas seulement. Des répercussions positives s'ensuivront et toucheront différents plans. L'Icann permettra donc au Maroc de s'impliquer davantage et devenir une force de proposition dans la gouvernance mondiale de l'internet et sensibiliser les différentes instances nationales sur le rôle joué par l'Icann et les enjeux de la gestion de l'Internet. Organisées trois fois dans l'année, les réunions publiques de l'Icann sont le rendez-vous des membres de la communauté Internet multipartite mondiale (internautes individuels, entreprises, membres de la société civile, gouvernements, institutions de recherche et organisations non gouvernementales) pour travailler à l'élaboration de politiques et prendre part au débat autour de questions liées au système des noms de domaine. Une nouvelle feuille de route de l'Icann se dessine donc aujourd'hui au Maroc.