La transition de gouvernance du web entame son dernier virage. Plus que 6 mois et l'ICANN, le régulateur de l'internet au niveau mondial, chargé de gérer les noms de domaine sur internet quittera le giron du gouvernement américain. L'Afrique est-e lle aujourd'hui prête à s'impliquer dans une alternative de gouvernance au monopole américain ? Un nom de domaine africain verra t-il bientôt le jour à l'image des fameux «.EU» en Europe ? Les différentes questions aussi délicates que profondes alimentent actuellement les débats de la 55e réunion de l'ICANN qui se tient à Marrakech depuis samedi dernier. L'avenir d'internet est en débat à Marrakech depuis le week-end dernier. Les questions qui taraudent les 2000 délégués présents dans la ville ocre : quelles pistes entrevoir dans le processus de transfert de supervision des fonctions IANA (internet assigned numbers authority) à la communauté multipartite? Quels rôles pour l'ensemble des gouvernements, en particulier, les gouvernements africains, au sein de la communauté multipartite de l'ICANN ? Aujourd'hui, l'avenir du web en Afrique passe inéluctablement par une autonomisation régionale pas nationale. Moulay Hafid El Alamy, ministre de l'industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique, également président de la réunion, l'aura bien signifié aux participants. «Les gouvernements doivent continuer à faire partie intégrante de la communauté mondiale de l'ICANN pour que les processus multipartites fonctionnent efficacement dans le plein respect de l'intérêt public», a-t-il déclaré à l'occasion de la 55e réunion de l'ICAAN qui constitue la 3e réunion dans le cadre de la transition de gouvernance. L'Afrique, se demanderait-on, est-elle prête à relever un tel défi ? Etant donné les coûts onéreux liés à l'entretien de la fibre optique, l'insécurité transfrontalière, les enjeux de démocratie, tous les pays africains peuvent-ils relever le défi de joindre leurs efforts pour défendre efficacement le web africain ? En tout état de cause, pour Moulay Hafid El Alamy, l'Afrique a toutes ses chances de se frayer en matière de gouvernance d'internet. Un défi conditionné par le lancement de chantiers de réformes institutionnelles. «L'engagement des pays en développement dans l'ICANN et toutes les activités liées à internet, est plus que nécessaire voir urgente. «Les gouvernements (ndlr : africains) doivent saisir cette occasion historique et se positionner pour l'avenir aux côtés des autres parties prenantes de la communauté internet», a-t-il souligné. Aujourd'hui, la 55e réunion de l'ICANN qui se déroule à Marrakech du 6 au 10 mars est une étape importante de la transition du web mondial. Elle intervient à un «moment crucial de finalisation du processus de transition suite à la décision du gouvernement américain de transférer sa supervision des fonctions de l'IANA à la communauté multipartite». En 2014, au cours d'une réunion de l'ICANN, les Etats-Unis avaient exprimé leur volonté de ne plus gérer seuls les noms des domaines. La sortie historique qui sonnait le glas de DU monopole américain sur internet n'était qu'une réponse à une série de critiques de la part des partisans d'un internet libre. La réunion qui se déroule à Marrakech vise à finaliser le processus de transition de l'ICANN. L'organisation sera chargée de superviser les fonctions d'IANA jusqu'au 30 septembre, date à laquelle prend fin son contrat avec l'administration américaine. Fondée en 1998, l'ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) a pour rôle de garantir un internet mondial sûr, stable et unifié. En effet, pour contacter une personne sur internet, il est nécessaire de saisir une adresse sur l'ordinateur : un nom et un numéro. Cette adresse doit être unique pour permettre aux ordinateurs de s'identifier entre eux. Le rôle de l'ICANN consiste à coordonner ces identificateurs uniques à l'échelle mondiale.