L'équipe nationale s'est brillamment illustrée samedi dernier à Libreville face au Gabon. Entretien avec l'entraîneur «adjoint» de l'équipe nationale, Badou Zaki, l'homme qui a rendu sa confiance à une formation malade mais qui se guérit. ALM : Après la brillante prestation de l'équipe nationale contre le Gabon, quel est votre sentiment à l'égard d'une formation qui a certes déçu mais qui se reprend ? Baddou Zaki : Comme tout entraîneur fier d'appartenir à ce pays et qui essaye de défendre les couleurs nationales, je ne peux être que ravi de notre dernier match. Il faut noter que j'ai pris les rennes de l'équipe nationale dans des conditions on ne peut plus défavorables. Le climat malsain qui régnait au sein de l'équipe, le mécontentement aussi bien des joueurs et des responsables que de l'opinion publique après les débâcles qui se sont succédé, la mauvaise réputation…Toutes ces raisons ont fait que je devais absolument réparer ce qui peut l'être, le plus vite possible. La tâche principale dont je devais m'occuper était de faire en sorte que les joueurs puissent retrouver leur sérénité et leur confiance en eux-mêmes. Dieu merci, on y est arrivé dans un temps record. Et c'est grâce à cela justement que l'on a pu faire preuve de cohésion et d'un fond de jeu correct aussi bien au Luxembourg, lors du match amical, qu'au Gabon. Même si, dans le dernier match, le climat a joué en notre défaveur. Maintenant que vous avez eu le temps d'évaluer le groupe national, quels sont les atouts majeurs de nos Lions et sur lesquels ils peuvent se baser à l'avenir ? Le problème de l'équipe nationale n'a jamais été tributaire de la qualité de notre football. La formation dispose de joueurs d'un très haut niveau. Cela est indiscutable. Aurait-il été un de cette nature, je n'aurai pu le résoudre. Il s'agit d'un problème d'ordre psychique. Nous étions en mal de résultats parce que l'esprit de groupe, indispensable à un jeu cohérent et par là des résultats positif, nous faisait défaut. Il faut aussi que l'on ose aborder la question de la gestion politique de notre football et qui était pour beaucoup dans les précédents fiascos. A eux seuls, les joueurs ne peuvent garantir une équipe, au sens large du terme, à la hauteur de nos espérances. Le respect, la discipline, le sens de la responsabilité entre toutes les composantes du football national manquaient. Depuis mon arrivée, par ailleurs provisoire, à la tête des Lions de l'Atlas, le mot d'ordre a été celui de la communication. Nos réunions régulières nous ont énormément aidés à établir des objectifs. La manière y a été. Les résultats également. Une nouvelle énergie a été créée grâce à un pacte moral que nous avons tous conclu. Maintenant, quels sont les prochaines étapes à franchir? Mon travail s'inscrit dans la durée et d'une façon progressive. Mais mon statut d'entraîneur adjoint et la nature aussi limitée (deux ans NDLR) que provisoire de mon contrat m'empêchent de me projeter dans l'avenir. Ma situation n'est tout simplement pas claire. Nous devrons déjà réussir nos éliminatoires afin d'assurer notre qualification en phase finale de la coupe d'Afrique. Après, ce sera le carré d'As. Ensuite, la qualification en coupe du monde 2006. Une chose est sûre, l'équipe que nous avons actuellement peut facilement nous emmener en 2006 et plus loin encore. Mais c'est tout un processus sur lequel il faut veiller. Chose que, vu l'état actuel de mon statut, je ne suis pas sûr de pouvoir assurer. Mon vœu le plus cher en ce moment est que la situation s'éclaircisse et qu'une décision soit prise, le plutôt possible. Je n'en suis qu'au début de ce processus. Alors qu'on décide si je dois rester à la tête de l'équipe, en tant qu'entraîneur national à part entière, ou que l'on fasse appel à un autre. Pourtant vous avez pris les rennes de la formation dans un climat difficile… La formation que j'ai eue entre les mains, il y a quelque temps, s'apparentait plus à une bombe nucléaire qu'à une équipe de football. Il se trouve que mon souhait est de continuer à servir mon pays en gardant cette responsabilité. Mais c'est aux responsables du football national de trancher. Le plutôt sera le mieux. Il y va de l'intérêt des couleurs nationales. Quelque soit la décision, je reste confiant en mes capacités en tant que dirigeant d'une équipe que j'aime et qui partage ce sentiment avec moi. A-t-on droit à l'espoir vis-à-vis de l'avenir de notre formation? Comme je vous l'ai dit, ce n'est pas le niveau tactique des Lions de l'Atlas qui m'inquiète. Mais on doit travailler tout le reste. Jusque- là, tout se passe bien. Le niveau que l'on a atteint promet bien des choses. Et ce n'était pas une tâche facile. Grâce à ce nouvel esprit que nous avons installé, on peut parler d'une réussite. Une réussite sur tous les plans. Y compris ceux dont tous les entraîneurs, qui sont passés avant moi, ne se souciaient guère. Même s'ils étaient payés (NDLR à des salaires astronomiques) pour ce faire. Des notions comme la solidarité, le respect, les valeurs nationales, la combativité n'existaient pas avant. Pourtant, c'était la clef à tout exploit. Mon apport réside en cela. Ma mission est d'arriver à une équipe dont les valeurs humaines et nationales sont le moteur. Et j'espère y arriver.