De père juif, deux sœurs, âgées de 16 et 18 ans, ont été exclues d'un lycée en France pour le port du voile. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a regretté cette décision. L'affaire n'est pas encore close. Alma et Lila Lévy, deux sœurs voilées, âgées respectivement de 16 et 18 ans, élèves de première et terminale, ont été exclues vendredi dernier du lycée Henri Wallon d'Aubervilliers, Seine-Saint-Denis. Le motif de cette décision prise par le conseil de discipline de l'établissement est le refus de porter une tenue compatible avec le bon déroulement des enseignements d'EPS, éducation physique et sportive, le port d'une tenue à caractère ostentatoire, voile islamique, tunique noire dissimulant l'intégralité du corps, et trouble à l'ordre public en participant à une manifestation d'élèves devant l'établissement. Pour éviter tout trouble, le conseil, composé de onze membres dont le chef d'établissement, des représentants des personnels enseignants et des représentants des élèves, de discipline s'est tenu dans une ville voisine, La Courneuve, à grand renfort de policiers. Le 24 septembre dernier, l'inspection académique avait décidé d'exclure à titre conservatoire les deux sœurs, après avoir organisé des réunions à plusieurs reprises à propos de leur sujet. Depuis le début de l'année scolaire, les projecteurs des responsables de l'établissement scolaire étaient braqués sur les deux lycéennes. En effet, l'administration reprochait aux deux jeunes filles de porter une «tenue ostentatoire», ce qu'elles ont toujours réfuté. «C'est faux. Des compromis sur notre tenue, on en a fait. Mais on veut que nous découvrions les cheveux, les oreilles et le cou, et nous avons refusé », avait expliqué Alma, au moment de son exclusion provisoire par l'inspection académique le 24 septembre dernier. Après cette décision, le lycée a été divisé en deux. Les élèves ont organisé une manifestation de soutien avec les deux jeunes filles tandis que des professeurs du lycée ont exprimé à l'inverse leur solidarité avec la direction de l'établissement scolaire. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a regretté cette exclusion, rappelant les «textes fondamentaux de la République sur la liberté de conscience, la liberté religieuse et les libertés individuelles», le CFCM s'est déclaré «persuadé que tous les moyens de conciliation n'ont pas été épuisés». Leur père, Alain Lévy, avocat militant au Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples), a réagi avec colère au verdict du conseil de discipline. "Comment voulez-vous qu'elles aillent bien ? J'ai deux enfants à qui on dit 'dehors, on vous jette comme des chiens'". Me Gérard Tcholakian, avocat des deux adolescentes, a annoncé son intention de faire appel de la décision devant une juridiction administrative. "On a expliqué à ces membres du conseil de discipline qu'ils étaient à la fois juge et partie puisque notamment le proviseur, qui préside le conseil de discipline, est aussi l'agent de poursuite", a dit Me Tcholakian. Alain Lévy, qui se décrit comme un "juif athée, un homme sans religion", a souligné ne pas comprendre "le bannissement" de ses filles qui ne sont "ni intégristes, ni fondamentalistes". Leur mère, d'origine kabyle, dont il est séparé depuis plusieurs années, est agnostique, avait-il expliqué vendredi, mais les jeunes filles ont adhéré à l'islam au contact de leur famille maternelle, pratiquante. Par contre, François Hollande, le premier secrétaire du PS, avait approuvé la sanction :«Il y a une loi, il y a un principe, c'est la laïcité.»