Le choix des têtes de liste et des candidates de la liste nationale cristallise les mécontentements de nombreux militants istiqlaliens. Lors d'une conférence de presse donnée lundi 9 septembre à Rabat, Abbas El Fassi a dévoilé les noms de ses candidats aux prochaines législatives. Un coup d'œil rapide à la liste et on se rend compte qu'il y a trop peu de grosses pointures et beaucoup de visages nouveaux. À l'instar de nombre de partis politiques, l'Istiqlal s'est étripé autour des têtes de liste et des ambitions des uns et des autres. Les arbitrages, souvent douloureux, ont engendré des mécontents dans les provinces. À Casablanca par exemple, un bataillon de militants, en guise de protestation contre la méthode de désignation et le profil de certains candidats jugés peu istiqlalien, ont refusé de présenter leurs candidatures. À l'image du député sortant de Casa, Abdellah Yacoubi, et de l'ex-parlementaire Brahim Messaoudi…. “. La liste nationale cristallise aussi des rancœurs. Des voix accusent en privé certains caciques de faire figurer leurs épouses en bonne place. Il s'agit notamment de la troisième position revenue à la femme d'Abderrazzak Afilal, Haja Mahjouba. Une affaire de famille. Latifa Filali, présentée comme une militante brillante du parti, a été reléguée, elle, à la 13ème place. “Nous avons constaté avec désolation que notre parti a fait comme les autres, explique un cadre dépité. Il a joué les sièges en présentant n'importe qui au mépris de l'éthique et de la transparence“. Un autre, amer, renchérit: “ Les mécontents n'attendent qu'une seule échéance : le prochain congrès du parti prévu à la fin de l'année pour demander des comptes“. Ces assises risquent d'être houleuses si d'aventure la parti de Abbas El Fassi réalise un mauvais score le 27 septembre. M. El Fassi aurait à affronter les foudres des exclus et des fâchés. C'est dire que la pente est raide pour le leader de l'Istiqlal dont la marge de manœuvre est réduite : soit le parti obtienne un nombre de sièges qui lui permette de prétendre à former le prochain gouvernement soit il essuie une déconvenue semblable à celle de 1997 et il risque d'être renvoyé sur les travées de l'opposition. Dans le premier cas, l'Istiqlal est obligé de faire mieux que son concurrent de toujours et son frère-ennemi, l'USFP. C'est à cette condition que le parti pourrait prétendre revenir aux affaires et, partant, voir l'ambition de son chef se réaliser : devenir enfin Premier ministre. Un accomplissement personnel qui aura une saveur encore plus exquise si l'intéressé gagne son défi à Larache où il a mordu la poussière à deux reprises par le passé. Un succès électoral en demi-teinte aura donc un goût amer pour la communauté des Istiqlaliens. En attendant le jour fatidique, Abbas El Fassi, affiche une confiance inusable sur l'avenir électoral de son parti en proie pourtant à des luttes de clans : le clan de Marrakech, le clan du nord et le clan de Casablanca. Cette fois-ci, à la faveur des gages de transparence fournis par le nouveau ministère de l'Intérieur, il sera difficile pour l'Istiqlal de contester, comme par le passé, les résultats des élections et de crier au lendemain du scrutin à la “falsification de la volonté populaire par l'administration“.