Le parti historique national fait face à son destin. Entre les exigences du changement en son sein et les ambitions qu'il nourrit pour jouer les premiers rôles dans la vie nationale, les causes de contrariété sont innombrables. Au lendemain des élections, il sera sans doute amené à mieux clarifier son discours et son positionnement. Peut-être même devra-t-il se refaire une santé dans l'opposition. Ils étaient tous là pour écouter Abbas El Fassi, le secrétaire général du parti de l'Istiqlal, esquisser les grandes lignes du programme du parti et rendre publics les noms des têtes de listes de cette formation aux prochaines élections législatives. Ils, ce sont les journalistes venus à cette conférence de presse, mais aussi les vieille et jeune gardes du parti de Allal El Fassi. M'hamed Boucetta, l'ancien secrétaire général, M'hamed Douiri, Abdelkrim Ghallab, Abderrazak Afilal, Abdelhak Tazi et bien d'autres étaient là, en rangs serrés derrière leur jeune « patron », encadré par Mohamed Larbi Messari et Abdelhamid Aouad. En face, il y avait les jeunes loups du parti. Une ambiance de fête. Mais studieuse. Après un petit tour de chauffe au cours duquel il a rappelé les principales actions du parti depuis les élections de 1997 et l'avènement du gouvernement d'alternance en 1998, Abbas El Fassi est allé droit au but en affirmant qu' « on ne peut pas continuer éternellement la transition. Nous ne pouvons pas continuer l'expérience de l'alternance consensuelle. Nous voulons maintenant l'ère démocratique ». « Nous voulons la démocratie tout court et cela passe par des élections honnêtes », a-t-il poursuivi, soulignant que les élections du 27 septembre revêtent une extrême importance pour le pays. Toutes les élections précédentes avaient été entachées d'irrégularités, pour ne pas dire falsifiées, a-t-il encore affirmé, soulignant que cette fois-ci, son parti a toutes les raisons de croire que ces élections seront honnêtes et se refusait donc à envisager toute autre éventualités. M. El Fassi faisait allusion aux différents discours prononcés par SM le Roi Mohammed VI dans lesquels le Souverain avait réitèré son attachement à la démocratie. Ce faisant, il n'a pas manqué de porter des petites piques à l'action du gouvernement d'alternance, dont le parti estime par ailleurs que le bilan est tout à fait honorable. « Ces points faibles (de l'action du gouvernement d'alternance), nous les pointons depuis le 6 octobre 1999, date à laquelle j'ai adressé une lettre au Premier ministre pour attirer son attention sur ce point », a-t-il dit, balayant les critiques qui lui prêteraient des pensées électoralistes. Abordant enfin le volet des têtes de listes, il a indiqué que le Parti de l'Istiqlal avait reçu à ce propos 984 candidatures et que la sélection s'est opérée, par le biais d'une commission, sur des critères tels que l'âge, le niveau d'instruction, la date d'adhésion au parti, la réputation, le rayonnement, etc. Le Comité exécutif a, a-t-il affirmé, examiné ces 984 candidatures. Pour certaines régions, le choix de la tête de liste a recueilli l'unanimité, dans le Gharb, cela s'est fait par consensus, et enfin dans certaines circonscriptions, la concurrence était tellement rude qu'il a fallu recourir au vote à bulletins secrets. Cela a été le cas à Sidi Bernoussi, à Casablanca-Anfa, et à Fès-Jdid Dar Dbibegh où pas moins de 33 candidats du parti étaient en lice pour la pôle position. Une élection remportée par Abdelaziz Hlili, un professeur universitaire. Dans certains cas, comme à Berkane, les candidats ont adressé une lettre au Comité exécutif lui déléguant le soin de trancher. Abbas El Fassi a ensuite fait une présentation sommaire des têtes de listes, insistant sur l'importance accordée à la participation de la femme dans les listes du parti. Ainsi, outre les trente femmes de la liste nationale, conduite par Naïma Khadoune, Malika Assimi et Latifa Smirès-Bennani, douze autres femmes sont candidates dans les listes locales et trois d'entre elles sont têtes de liste. Il s'agit de Yasmina Baddou à Casablanca-Anfa, Najat Belkhoua à Béni-Mellal, et de Hachouma Omari Alaoui, à Ghris Tisslite. Elles sont donc 42 femmes au total à participer à ces élections. A côté de cela, on retrouve sur la liste des noms connus comme ceux d'Abdelhamid Aouad, le ministre de la Prévision économique, candidat à Rabat-Océan, Mohamed Idrissi Kaïtouni, le directeur du quotidien L'Opinion (Rabat-Chellah), ou encore Abdelouahed El Fassi, l'ancien ministre de la Santé (Salé-Médina). M'hammed El Khalifa (Marrakech-Ménara) ou encore Bouamour Taghouane (Tiflet-Rommani). Par la suite, tout ce beau monde a prononcé le serment des candidats du parti de l'Istiqlal, jurant de défendre l'Islam, la monarchie constitutionnelle et d'œuvrer pour le parachèvement de l'intégrité territoriale.