Les haines des races, disait Rostand, ne sont jamais au fond que des haines de places. Histoire d'échapper à la déferlante de l'élection américaine, arrêtons-nous sur certains faits qui charrient tranquillement et profondément l'actualité. Ils illustrent certes le propos du père de Cyrano de Bergerac. Mais ils interpellent surtout par la marocanité des auteurs impliqués. Les haines des races, disait Rostand, ne sont jamais au fond que des haines de places. Histoire d'échapper à la déferlante de l'élection américaine, arrêtons-nous sur certains faits qui charrient tranquillement et profondément l'actualité. Ils illustrent certes le propos du père de Cyrano de Bergerac. Mais ils interpellent surtout par la marocanité des auteurs impliqués. L'assassinat du réalisateur néerlandais Theo Van Gogh d'abord. L'arrière-petit-neveu du peintre de Bouquet de Tournesols était un cinéaste sulfureux, un polémiste irrévérencieux et un éditorialiste controversé. Il est tombé sous les balles d'un jeune à la double nationalité marocaine et néerlandaise. Les premiers éléments de l'enquête le disent proche des milieux islamistes. On a vite fait le lien entre la diffusion à la télévision néerlandaise du film de Van Gogh intitulé "Soumission", court-métrage sur le Coran et la femme, fondé sur le scénario d'une parlementaire d'origine somalienne, Ayaan Hirsi Ali.Pauvre Hollande ! Pays des tulipes, de Baruch Spinoza, d'Erasme, père de l'humanisme tolérant. Déjà secoué par l'assassinat du leader populiste Pim Fortuyn, ce pays droit s'interroger sur le devenir de son modèle de société. Car tout laisse penser que cet assassinat est aussi un crime contre la liberté d'expression. L'intolérance, fille aînée de la haine, se déploie ici contre l'intelligence même quand elle est médiocre, le débat même quand il est niais, la culture même quand elle est porteuse de polémique. Autre Marocain en question, Hassan Iquioussen. Le grand public ne le connaît pas encore, mais cela ne saurait trader. Prédicateur lillois, c'est un jeune qui a la quarantaine et une connaissance des soixante hizbs sur les bouts des doigts. Il fait actuellement polémique en France. A l'occasion de l'organisation d'une manifestation contre le racisme le 7 novembre, certaines associations refusent de défiler à côté de l'UOIF, solidaire de la marche, et qui héberge parmi ses cadres (salariés?) ce prêcheur accusé d'antisémitisme. Iquioussen n'est pas un de ces imams importés. C'est un pur produit de l'immigration. C'est même là son originalité. Ses prêches ont un accent banlieusard. Ses sentences ne flairent ni le désert ni l'Orient. Elles sont trempées dans le béton et l'odeur des HLM. C'est un Tariq Ramadan d'en bas et c'est sa force. Ses discours ne sont pas seulement savants. Ils sont surtout savoureux. Avec un français parfait perlé qu'il est par des mots en darija, ses prêches coulent et recoulent plus didactiquement dans les oreilles des jeunes de quartier. Il en a acquis une puissante crédibilité. Mais son aura et charisme furent d'abord mis en exergue et instrumentalisés par certains maires en quête du Graal pour pacifier la violence dans les quartiers. Il est vrai que sa définition du musulman qui doit être «Plus honnête que les autres, fraternel, bon citoyen» et de l'Islam qui «interdit même de frauder dans le métro» étaient alors considérés comme analgésiques et tranquillisants. Décidément religion et tolérance ne font pas toujours bon ménage.