Affichant une dette estimée à 70 milliards d'euros, l'opérateur français vit une crise sans précédent. Même le soutien de Bercy n'a pas mis fin aux attaques sur le titre à la Bourse de Paris. Le gouvernement français a promis hier de soutenir France Télécom pour faire face à d'éventuels problèmes de refinancement. L'engagement de Bercy n'a pas mis fin aux attaques sur le titre à la Bourse de Paris. Réagissant à un article du quotidien économique et financier La Tribune, évoquant une perte semestrielle supérieure à 10 milliards d'euros et un plan de restructuration financière, l'Etat pourrait accorder sa garantie aux futurs emprunts de l'opérateur semi-public, dont il détient encore 55,4% du capital. France Télécom, qui affiche une dette estimée à 70 milliards d'euros au 30 juin et qui doit refinancer 13 milliards l'an prochain, n'a actuellement pas accès aux marchés obligataires, selon des intervenants. Pour les spécialistes du secteur, un prêt garanti ne suffira pas à régler les problèmes de l'opérateur. Ils estiment dans l'ensemble qu'une augmentation de capital est inévitable. Le titre, qui était tombé jusqu'à 10,17 euros (-11,5%) hier matin, a réduit ses pertes de moitié après l'annonce de Bercy. France Télécom a besoin de 15 à 20 milliards d'euros. «Bercy se contente d'annoncer qu'il soutiendra France Télécom mais c'est toujours la même langue de bois depuis six mois. C'est la pravda. La situation est telle que des mesures énergiques doivent être prises», explique un spécialiste du secteur travaillant pour un grand courtier parisien. Un autre analyste d'une banque européenne juge qu'une garantie de l'Etat ne pourrait être qu'une première étape. «L'Etat pourrait aider France Télécom à se refinancer à court-terme et prévoir une augmentation de capital dans un délai de quelques mois», dit-il en précisant qu'une remontée des cours pourrait permettre de gérer l'opération plus facilement. Au cours actuel, il faudrait doubler le nombre de titres en circulation pour lever un peu plus de 10 milliards d'euros. Et encore, cette estimation ne tient pas compte de la nécessaire décote indispensable en pareil cas. Pour les experts les plus pessimistes, une augmentation de capital dans les circonstances actuelles ne pourrait avoir lieu qu'autour de 5,0 euros afin d'offrir aux investisseurs un potentiel de gain rapide. «Procéder à une augmentation de capital aujourd'hui serait de la folie. Si c'est pour lever 10 milliards d'euros, France Tlecom pourrait très bien vendre des actions Orange et Wanadoo pour descendre à 51% du capital. Sans tenir compte de la décote, cela ferait 10,2 milliards de rentrées», explique un analyste d'un grand courtier parisien.