Les chiffres officiels de l'office des changes concernant le volume des exportations du poulpe en 2000 et 2001 contredisent ceux avancés par Saïd Chbaâtou pour la même période. Saïd Chbaâtou s'est ramassé une gamelle lors de la réunion qu'il a convoquée, au siège de son ministère, mercredi 4 septembre avec les poulpiers. Ces derniers ont boycotté l'initiative du ministre qui n'a suscité que le déplacement de quelques congélateurs de Dakhla et d'Agadir. Cette désaffection signe l'échec de la politique du ministre devenu USFP, qui, en l'espace de deux ans, a réussi l'exploit de braquer la profession. S'il voulait connaître son degré de popularité auprès de cette dernière, il a été vraiment servi. À cette occasion, il a demandé à un participant de lui préparer pour le 1er octobre une rencontre avec les pêcheurs de Dakhla. C'est-à-dire au-delà du scrutin du 27 septembre. L'intéressé se répand autour de lui qu'il serait maintenu à la tête du ministère de la Pêche et que c'est pour cela qu'il a pris l'étiquette de l'USFP. Le même Chbaâtou devait se réunir jeudi 5 septembre avec les opérateurs du pélagique. De ce côté aussi, le malaise est patent. Avec ces derniers, le ministre veut discuter du prochain plan d'aménagement de cette pêcherie. On ne discute pas un tel programme à quelques semaines des élections. À moins que l'intéressé ne tienne à le bâcler, comme il l'a fait avec le plan d'aménagement du poulpe, qualifié à l'unanimité de catastrophe. Un plan mal fait qui a monté le personnel marin contre les armateurs (grève du port d'Agadir et celle du port de Dakhla). Deux grèves que le ministre a provoquées et gérées en sous-main, selon les professionnels. Ceux-ci sont en colère contre M. Chbaâtou pour avoir livré des chiffres mensongers et variables (voir encadré) au gré des déclarations à la presse sur les exportations des mollusques congelés dont il a sciemment gonflé le volume et les valeurs en devises. Des statistiques en contradiction flagrante avec celles de l'office des changes. Les chiffres de cet office montrent une baisse des quantités des prises en 2001 par rapport à 2000. Jugez-en : poulpes en 2000 : 93833 tonnes contre 69230 en 2001, soit une baisse de 26%. Les recettes ont augmenté cependant de 8% : 2.957. 870 en 2001 contre 2.736. 441 en 2000. Les calmars et les moules ont connu respectivement une chute de 43% et 82%, qui a rejailli sur les rentrées qui ont enregistré une baisse respective de 61 et 89%. D'autres espèces, comme les seiches, les sépioles et les coquillages ont subi la même diminution, aussi bien en tonnages qu'en termes de devises. Alors de deux choses l'une : ou c'est Chbâtou qui dit vrai ou c'est l'office des changes qui manipule les chiffres ? En fait, le maquillage des chiffres par le ministre ne trompe personne: cela procède d'une volonté désespérée de masquer l'échec de sa politique et d'accréditer l'idée selon laquelle le secteur sous son mandat a connu une croissance importante. “ Saïd Chbaâtou est invité à faire publier par ses services les vrais chiffres de la production pour les années 2000 et 2001. Transparence oblige“, explique un armateur.