Saïd Chbaâtou ministre. L'information est lourde de sens et de conséquences. Sa nomination en tant que ministre délégué chargé des Eaux et Forêts en 1998, lors de la formation du cabinet Youssoufi, était surtout interprétée comme une manière de répondre favorablement au quota partisan. Saïd Chbaâtou ministre. L'information est lourde de sens et de conséquences. Sa nomination en tant que ministre délégué chargé des Eaux et Forêts en 1998, lors de la formation du cabinet Youssoufi, était surtout interprétée comme une manière de répondre favorablement au quota partisan. Le Mouvement national populaire n'avait pas mieux à présenter qu'un Chbaâtou qui a les faveurs d'une frange des zayanes, fief de l'Amghar. Celui qui s'est occupé des forêts s'est retrouvé, à la faveur du remaniement de 1999, à la tête de l'un des départements les plus sensibles sur le plan économique certes, mais aussi et surtout au niveau des relations avec l'Europe, à savoir les pêches maritimes. Et comme dirait l'autre, le ministre délégué deviendra ministre pleins galons. Avec un secteur qui ne connaît pas de repos… Et comme par hasard, sans grands efforts d'ailleurs, notre homme va pousrsuivre un parcours politique des plus tumultueux. Membre de la direction du Mouvement national populaire (MNP), M. Chbaâtou a pris part des mois durant aux réunions et aux tractations ayant abouti à la création de l'Union démocratique par les mécontents de la gestion d'Aherdane. Avec à leur tête Bouazza Ikken et Mohamed Fadili… Lors de cet épisode, Chbaâtou faisait parti des mécontents. Quand il a fallu trancher entre le départ avec les scissionnistes et le poste ministériel, le ministre s'est rétracté. Il faut dire qu'à cette époque, le gouvernement en entier allait subir les contre-coups de cette défection. Il est resté à l'intérieur de son parti, sans bénéficier de la confiance du chef qui ne peut que le soupçonner d'avoir joué un double jeu. L'affaire est entendue. M. Chbaâtou pourrait rêver d'être chef à la place du chef. Aherdane, en vieux rusé, a brouillé toutes les cartes et verrouillé les portes de sa succession, laissant seul en lice son fils Ouzzine. Déçu, Chbaâtou ravale son amertume, lui qui se considérait comme l'homme fort de l'appareil MNP. Alors que les législatives se profilent à l'horizon, les choix des listes et des têtes de listes en cours de finalisation, M. Chbaâtou, sentant le vent tourner en sa défaveur, découvre, comme dans un rêve, qu'il a des affinités avec l'USFP. Admirons l'acrobatie. On découvre ensemble, dans la foulée, que M. Chbaâtou était militant de l'Union nationale des étudiants du Maroc dans les années soixante. Qu'il était proche politiquement de la frange radicale de l'UNFP qui allait fonder l'USFP en 1974. On trouve à M. Chbaâtou des qualités de gauchiste. Il a épousé les idées du MNP rien que pour la bonne cause. Celle de défendre les idées de gauche. En outre, M. Chbaâtou était membre du CNJA, que dirigeait Habib Malki, de la direction de l'USFP. Cette relation entre un ténor des socialistes, ancien ministre de l'Agriculture, et M. chbaâtou laisse croire à un rôle joué par le premier dans la cooptation du second comme tête de liste à Midelt ou Khénifra. Il ne faut pas exclure l'apport de Mohamed Aït Kaddour, ancien exilé usfpéiste dans lcette décision. Les deux hommes sont de la même tribu. Au fait, M. Chbaâtou se présentera sous les couleurs de l'USFP dans cette circonscription et ce, après avoir prospecté, semble-t-il, du côté du FFD de Thami Khyari, son prédécesseur au département de la pêche. Ce choix est ressenti comme un coup de poignard dans le dos par les socialistes du terroir, prétendant à la députation. Et ils sont nombreux.