Quand il a observé que le pare-brise d'un véhicule a été fracassé, un gardien de voitures au quartier Yasmina, à Casablanca s'est lancé à la recherche du casseur. Il a croisé Abdelkrim et l'a accusé. Mal lui en a pris Il était plus de 20h. Hassan, un gardien de voitures sexagénaire ayant plus de vingt années de labeur au quartier Yasmina, vient de reprendre son travail en cette nuit du mois d'octobre. Tous les automobilistes du quartier le connaissent et ont entièrement confiance en lui. Tout le monde atteste de sa bonne conduite et de sa serviabilité. Ce qui lui importe est que le client soit satisfait lorsqu'il revient le matin pour récupérer son véhicule. “En arrière, en arrière…“, disait-il à un automobiliste qu'il aidait à garer sa voiture. Il reculait lentement en arrière en continuant à l'orienter. Tout à coup, il s'est figé sur place comme s'il avait été cloué à terre. L'automobiliste qui garait sa voiture s'est rendu compte de sa stupéfaction. Il est toutefois parti sans lui demander d'explication. Le gardien, quant à lui, est resté figé devant une voiture sans en croire ses yeux. Que lui est-il arrivé ? Le pare-brise de la voiture est fracassé. Qui l'a brisé et pourquoi ? A-t-il été brisé pour voler la radio-cassette ou est-ce simplement un acte de vandalisme ? Mais, peu importe, le mal est fait. Ce qui importe à ce moment pour lui est de retrouver le casseur du pare-brise. Affolé, Hassan a entrepris les recherches à gauche et à droite, d'une voiture à l'autre. Quelle sera sa réponse quand le propriétaire de la voiture lui demandera, le matin, des explications ? Pourquoi est-il payé si ce n'est pour préserver les voitures des voyous ? Un tas de questions lui hantaient l'esprit au moment où il poursuivait ses recherches. Personne n'a pu lui venir en aide. Surtout qu'il n'a croisé que Abdelkrim qui se tenait dans un coin du quartier. Serait-ce le casseur du pare-brise ?, se demande Hassan. Abdelkrim, la vingtaine, jouit d'une bonne réputation. D'un ton sec, Hassan, qui s'est avancé vers lui, lui a demandé ce qu'il faisait là. Écarquillant les yeux, Abdelkrime qui demeure dans ce quartier depuis son enfance est resté bouche-bée. Il n'aurait jamais pensé être interpellé ainsi. Il est issu de ce quartier et y a grandi. En plus, à l'instar des autres jeunes du quartier, il considère Hassan comme son père. Seulement Hassan qui a déjà perdu tout contrôle de ses nerfs, l'a accusé. “Je n'ai rien cassé Ba Hassan, j'attends seulement 21h pour aller à mon travail“, lui a-t-il expliqué tout en gardant son calme. Toutefois, Hassan a persévéré dans son accusation. Et Abdelkrim a continué de clamer son innocence, tout en lui demandant de s'éloigner de lui. Ne le croyant pas, Hassan a brandi son bâton et a tenté de le battre. Le jeune homme a reculé de quelques pas avant de l'insulter. Quelques voisins qui se sont déjà attroupés autour d'eux sont intervenus pour les empêcher de se battre. Soudain, Hassan s'est jeté sur son protagoniste qu'il a saisi par les vêtements. Un comportement qui a incité Abdelkrim à le repousser violemment des deux mains au point que le gardien a perdu son équilibre et est tombé sur le trottoir. Et pourtant, il a continué à l'injurier et à l'accuser d'avoir brisé le pare-brise de la voiture et de l'avoir poussé. Après quoi, Abdelkrim a emprunté le chemin à destination de son emploi, laissant derrière lui Hassan, entouré des curieux. Remarquant que Hassan saignait au niveau de la tête, ces derniers ont appelé les éléments de la protection civile qui se sont chargés de l'évacuer vers l'hôpital. Il semble que la blessure soit très sérieuse. Hassan a perdu connaissance quelques minutes plus tard. Son état de santé s'est dégradé de jour en jour. Le quinzième jour après l'incident, il a rendu l'âme à la salle de réanimation. À ce moment, Abdelkrim, qui avait pris son congé annuel, était à Agadir. En deuil, l'épouse de Hassan ne savait quoi faire. Ses voisins ont téléphoné à son fils Mohamed qui séjourne à Azilal. En arrivant et en apprenant ce qui est arrivé à son père, il s'est adressé à la police pour déposer plainte. Les éléments de la 9ème section judiciaire de la sûreté de Hay Hassani-Aïn Chock ont pris l'affaire en main. L'auteur du crime est déjà identifié. Il ne reste plus qu'à l'arrêter. Seulement, il s'est présenté de son plein gré au commissariat de police une fois rentré d'Agadir et ayant appris que Hassan était mort suite aux blessures qu'il lui avait causées. Abdelkrim a raconté l'histoire de l'incident. Seulement, il a nié avoir eu l'intention de le tuer. Plein de regret et de remords, il a été traduit devant la Cour d'appel de Casablanca poursuivi pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner.