Pour les voler, Mohamed drogue les automobilistes qui proposent leurs voitures d'occasion à la vente. Il sévissait en se présentant à eux comme un acheteur potentiel. “Oui c'est lui…c'est lui M. le président…“. La réaction des témoins devant le tribunal de la Chambre Correctionnelle près le Tribunal de Première Instance d'Agadir est unanime. Mohamed qui se tient au box des accusés ne put rien dire. Il a tenté au début de son interrogatoire de se disculper, mais les témoignages étaient fermes. Aucun des témoins qui sont en même temps des victimes n'avait d'hésitation. Le tribunal s'est retiré pour délibérer et Mohamed est évacué vers la prison. Il entre à la cellule qu'il partage avec d'autres détenus, attend que le gardien l'informe du verdict. Mohamed n'est pas un gadiri, c'est un rifain. Il est natif du douar Ouled Boutayeb, région de Beni Danmar, province de Nador, en 1970. Mohamed n'a jamais mis ses pieds ni au M'sid ni à l'école. Il est analphabète. Il ignore les raisons qui ont empêché ses parents de l'emmener à l'école du douar comme les enfants de son âge. Il a interrogé, à maintes reprises, sa mère sans jamais reçevoir une réponse convaincante. Lorsqu'il est devenu adulte, il a commencé à se débrouiller pour gagner sa vie et pour avoir quelques sous lui permettant de participer dans les dépenses du foyer paternel. Seulement, c'était insuffisant. Mohamed a donc décidé de quitter son douar et choisit Agadir comme destination. Il y arrive en fin 1999 et se débrouille tant bien que mal pour gagner sa vie et envoyer de temps en temps quelques sous à ses parents. Mais ils sont toujours insuffisants pour qu'ils répondent à ses besoins. Les prémices d'une astuce pour gagner plus d'argent commencent à germer dans son esprit. Son choix est fixé : le vol de voitures. La première opération était à Inzeggane. Il passait dans une ruelle lorsqu'il s'est rendu compte d'une Ford Transit en stationnement, un feuillet collé sur le pare-brise indiquant qu'elle est offerte à la vente. Il s'adresse au gardien de voitures, pour prendre contact avec le propriétaire de la voiture. Mohamed va le voir au quartier Tigouine. “Je demande 65 mille dirhams…et l'on peut marchander pour arriver à un prix convenable…“ lui dit le propriétaire de la voiture. Mohamed fait semblant d'être intéressé, et demande à faire un tour d'essai. L'automobiliste accepte. Mohamed se met au volant, tourne le contact et démarre pour freiner quelques minutes plus tard. Il se dirige vers une laiterie, pour commander deux jus de banane. Il boit le sien et offre l'autre au propriétaire de la voiture. Mohamed remonte dans la voiture et redémarre. Quelques instants plus tard, l'automobiliste commence à sentir des perturbations au niveau de sa tête, et descend pour se laver le visage dans une station d'essence. Dès qu'il met pied à terre Mohamed accélère. L'automobiliste n'a repris conscience que le lendemain à l'hôpital Hassan II à Agadir. Le voleur poursuit son chemin jusqu'à Marrakech où il trouve un acheteur contre 41 mille dirhams. Il se débarrasse de la voiture et garde le portable et la carte d'identité nationale qu'il a trouvé dedans. Il change la photo d'identité par la sienne, s'adresse à quelqu'un qui loue les motocycles. lui délivre la fausse carte et emprunte le motocycle et disparaît dans la nature. Mohamed regagne Marrakech cherchant un acheteur pour le motocycle. Mais il a saisi l'occasion pour chercher une autre voiture proposée à la vente. Rebelote avec la même astuce qui fera tomber le propriétaire de la voiture comme le premier, à la seule différence que la nouvelle victime sera jetée dans une ruelle déserte. Destination Salé où il liquidera la bagnole pour regagner à nouveau Marrakech et entreprendre la recherche d'un acheteur du motocycle. Malheureusement pour lui , les éléments de la police judiciaire de Marrakech étaient à son attente pour le coffrer et le présenter devant la justice. Un gardien de prison ouvre la cellule, appelle Mohamed et lui dicte son verdict fraîchement prononcé : 4 ans de prison ferme.