Deuxième essence forestière du pays après le chêne, l'arganier s'est forgé au fil des siècles la réputation d'un arbre aux multiples vertus. Une compagnie nipponne de cosmétiques prospecte les opportunités d'importation de l'huile d'argan au pays du Soleil levant. Après le laboratoire français «Pierre Fabre» qui commercialise des produits cosmétiques formulés à base d'huile d'argan, la compagnie «Ghassoul Japan Jamiela», dont le siège est à Tokyo, compte être l'importateur exclusif au pays du Soleil levant de cette denrée aux multiples vertus thérapeutiques. Passés maîtres en matière de médecine douce, les Japonais sont intéressés par les applications de l'huile d'argan dans le secteur du cosmétique, un créneau porteur, selon Mme Hon Da, directrice générale da la compagnie nippone. La tournée qu'elle a effectuée, la semaine écoulée, dans le sud-ouest du Maroc devra lui permettre de s'enquérir davantage sur la capacité de production de son partenaire national, en l'occurrence la société Arganoil, basée à Casablanca.. Au menu,une visite au centre de collecte des fruits de l'arganier à Ida Ougamad, commune d'Aoulouz à Taroudant. Là-bas, les hôtes japonais ont pu suivre étape par étape ce processus long et fastidieux que nécessite la production de l'huile d'argane :les fruits récoltés sont exposés au soleil en couches minces afin de sécher la pulpe, puis on sépare la pulpe du noyau cassé pour retenir l'amandon qui est torréfié à feux doux puis broyé dans un moulin à bras traditionnel. La pâte ainsi obtenue est malaxée et pressée manuellement avec apport d'eau chaude pour obtenir de l'huile d'argan brunâtre et au goût de noisette. Cette huile se conserve dans des flacons secs et étanches et fait l'exception, avec l'huile d'olive, d'être consommée à l'état cru sans raffinage. Toutefois, les innovations techniques apportées par la société Arganoil à la production de cette huile, ont non seulement accéléré sa capacité de production journalière mais lui permettent d'atteindre des seuils de qualité inégalables. Le recours à l'eau courante pour le malaxage de la pâte d'argan n'est plus de mise. Selon Zakaria Wissafan, le directeur général de cette PME marocaine: «l'usage de l'eau augmente le taux d'oxydation de l'huile et compromet du coup son usage médicinal».Pour obtenir une huile pure à 100% , obéissant aux standards internationaux, non seulement il utilise une presse mécanique pour le moulage à froid de l'amandon trié dans la coopérative d'Ida Ougamad mais une attention particulière est accordée au séchage du fruit que les bactéries peuvent endommager sérieusement. Ce procédé semi- industriel et les règles d'hygiène observées sur les sites de production ont suffi pour encourager la compagnie japonaise à passer commande. Désormais, «Ghassoul Japan Jamiela Co Limited», premier producteur de savon et de shampoing à base de Ghassoul au Japon, ajoutera à son rayon une ligne de produit argan. Les Japonais,des deux sexes , sont connus dans le monde pour la beauté de leurs cheveux mais aussi pour la délicatesse de leur peau. Les propriétés de rajeunissement des tissus dermiques, reconnu scientifiquement à l'huile d'argan ouvre grandes au Maroc les portes du marché nippon. Enfin, après Kelaât M'gouna, la ville des roses, qui a vu défiler les plus prestigieuses maisons européennes de parfum, les yeux des grandes enseignes mondiales du cosmétique sont rivés sur le sud-ouest du Maroc qui compte plus de huit cent mille hectares d'arganier. • Youssef Simou