Elle venait d'avoir ses dix-huit ans. Et pourtant, comme elle a raconté aux magistrats de la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Casablanca, elle comptait déjà trois ans d'«ancienneté» dans le monde de la prostitution. Dès qu'elle était à son quinzième printemps, elle a commencé à partager le lit avec des hommes contre des sommes d'argent. Comparue devant le tribunal en état de liberté provisoire, l'incitation à la débauche semblait être simple. Rapidement, elle a reconnu être une prostituée. Mais elle a demandé au tribunal de lui accorder un peu de temps pour lui raconter son histoire. Mais, le juge lui a expliqué qu'il a beaucoup de dossiers à examiner et lui a demandé d'étaler son histoire en bref. Le tribunal lui a permis enfin de s'exprimer. Orpheline de sa mère, elle a vécu, sous le même toit, avec un père qui n'a pas tardé à se remarier. Elle avait juste quatre ans quand elle a commencé à endurer une épreuve inhumaine. Sa belle-mère la maltraitait souvent sans que son père intervienne, ni la consoler. Au fil du temps, elle a été confiée à sa tante, qui l'a remise à une quinquagénaire, proxénète de son état, laquelle gérait une maison close. Au fil de son récit, le juge lui demandait, à chaque fois, de s'arrêter afin qu'il examine les autres affaires. Mais en vain. Elle a continué à raconter son histoire en précisant qu'à ses quinze ans, elle a été abusée sexuellement par un homme. Depuis, elle partageait le lit avec plusieurs clients. C'était la proxénète qui empochait de l'argent. Dès que cette dernière a été arrêtée pour proxénétisme et aménagement d'un lieu de débauche, la fille qui venait d'avoir dix-huit ans s'est retrouvée sans argent. Et elle est sortie à la rue pour devenir fille de trottoir en monnayant ses charmes à des hommes. Verdict : Un mois de prison avec sursis.