L'avenir de Vivendi Universal inquiète investisseurs et salariés. Ces derniers souhaitent une intervention musclée du gouvernement français. Près de deux mois après le limogeage de Jean-Marie Messier et la venue de Jean-René Fourtou, vendredi dernier à la Bourse de Paris, le titre Vivendi Universal ne semble pas avoir quitté la zone de turbulences. En effet, depuis mercredi dernier, le titre a chuté de 45% de sa valeur. Lors de la présentation financière exécutée par le nouveau patron du groupe, Jean-René Fourtou, il est clair qu'on est face à «un groupe lourdement endetté (35 mds d'euros au 30 juin) et à une trésorerie quasiment épuisée». La situation confirme la thèse du cessation de paiement, qui entraînera une vente précipitée des actifs. Désormais, les investisseurs et les salariés appellent à une intervention gouvernementale. C'est ce qui pousse François Bayrou, président de l'UDF a déclaré que : « l'importance stratégique de Vivendi Universal pour l'Etat créée une obligation de solidarité». Par ailleurs, il a ajouté qu' : «une disparition du groupe, en pleine déconfiture boursière, n'est pas imaginable». Un autre acteur politique français, l'ancien ministre de la culture Jack Lang annonce de son côté qu' : «aujourd'hui, ça se passe mal, que le gouvernement assume ses responsabilités». De plus, il juge que : «c'est une vieille tradition de la droite de se mêler des affaires capitalistiques des grands industriels». En revanche, le ministre français des Finances a préféré ne pas commenter la situation. De même, le groupe Vivendi Universal se cantonne dans le mutisme. Pour leur part, les investisseurs et les agences de notations élaborent déjà des scénarii catastrophes, dans l'attente d'un audit. Les premiers devront patienter jusqu'au 25 septembre pour connaître la nouvelle orientation stratégique du groupe. Leurs propos se résument à peu de choses. Ils sont unanimes lorsqu'ils mettent la pression quant à l'urgence de l'aboutissement des négociations ardues entre les banques et le groupe, afin de réaliser un emprunt de 3 mds d'euros. Dans le cas où les pourparlers échoueront, la cessation de paiement sera certainement prononcée vers la fin du mois de septembre, durant le mois d'octobre prochain. Du côté de la direction de Vivendi, elle projette de se défaire de 10 mds d'euros d'actifs sur deux années, dont la moitié dans les neufs mois à venir. En effet, le prochain conseil d'administration de Vivendi Universal, en septembre, pourrait décider de mettre en Bourse les actifs du groupe dans le divertissement aux Etats-Unis, croit savoir le Financial Times. Une mise en Bourse des 86% détenus par le groupe dans Vivendi Universal Entertainment (VUE) sera l'une des options étudiées par le comité stratégique, écrit le quotidien financier dans son édition de samedi dernier. Il faut dire qu'un désengagement d'Universal serait lourdement symbolique pour le groupe dont l'ex-PDG Jean-Marie Messier avait voulu faire un géant de Hollywood.