Jean-Marie Messier a annoncé sa démission de la présidence de Vivendi Universal dans une longue interview publiée mardi par Le Figaro, confirmant les informations publiées la veille par la presse. «J'ai décidé de remettre mon mandat à la disposition du conseil d'administration cette semaine malgré le soutien que m'a apporté ce conseil, il y a huit jours», a déclaré le président du célèbre groupe français. «La raison est simple. J'ai façonné ce groupe avec mon équipe. Je l'aime passionnément. Mais il y a une vérité incontournable. On ne dirige pas une entreprise avec un conseil divisé», a-t-il poursuivi. «J'ai souhaité mener à bien, ces derniers jours, deux opérations importantes pour le groupe (....). J'ai décidé de choisir de partir juste après ces opérations pour montrer que la vie de l'entreprise est une question de stratégie et pas d'hommes. Pour le résumer d'une phrase, je pars pour que Vivendi Universal reste», a-t-il affirmé. Selon un porte-parole de VU, un conseil d'administration du groupe aura lieu ce mercredi après-midi à Paris. Le sort de Jean-Marie Messier sera décidé au cours de ce conseil, après le «lâchage» pendant le week-end des administrateurs français. M. Messier, à la tête du groupe depuis 1996, avait réussi à rester aux commandes de VU la semaine dernière, à l'issue d'un conseil d'administration très tendu, grâce au soutien des administrateurs français, qui, depuis, ont retourné leur veste et tenté pendant le week-end de le convaincre de partir. Interrogé sur son souhait quant à la nationalité de son successeur, M. Messier a affirmé que ses successeurs « tant à la présidence qu'à la direction opérationnelle du groupe, ne peuvent être que français». Et d'ajouter : «J'ai accepté de démissionner parce que j'ai acquis la conviction qu'ils le seront». Le journal Le Monde, dans son édition datée de mardi et publiée lundi, affirmait que M. Messier avait d'ores et déjà accepté de démissionner. Il a demandé «des garanties sur les conditions financières» de son départ et «des assurances sur le fait qu'aucune poursuite pénale ne serait engagée contre lui», ajoutait le journal. «Je me retire aussi en pensant à nos actionnaires et en particulier aux actionnaires individuels salariés ou non salariés. Parce que ces actionnaires individuels, qui ne peuvent pas spéculer sur les marchés, ont été pris au piège dans les attaques dont le groupe a fait l'objet. Je comprends leur désarroi. Lever une source de pression, une source de manipulations, c'est une manière aussi de contribuer au retour à la sérénité», a encore déclaré Jean-Marie Messier. Lundi soir, à la Bourse de Paris, l'action VU a terminé en hausse de 9,23%, à 23,90 euros, mais reste bien loin de son cours le plus haut de l'année (64,40 euros). «Le Monde» rapportait dans la même édition que la direction de Vivendi universel pourrait être confiée à Jean-rené Fourtou, ancien vice-président du groupe Aventis. Et le journal français de révéler : «Pour les actionnaires, ce nouveau patron possède l'expérience requise pour affronter cette situation particulière: avoir effectué sa carrière dans un groupe présent aux Etats unis, avoir déjà scindé des activités, être français, et surtout ne pas vouloir s'accrocher à ce poste une fois la réorganisation achevée». M. Fourtou possède une longue expérience, puisque en 1986 il était déjà à la tête du groupe public chimique et pharmaceutique Rhône-poulenc qu'il a conduit quelques années plus tard à la privatisation. Il avait également dirigé pendant 23 ans le groupe de consultants Bossard, dont 7 ans comme président. Résolument discret, il refuse d'endosser l'habit du patron du droit divin. De son expérience de consultant, il préfère décentraliser et déléguer les responsabilités en s'appuyant sur des fidèles, avait indiqué «Le Monde».