C'est à Genève que des femmes marocaines ont décidé de lever le voile sur le calvaire des milliers de femmes et d'enfants otages en Algérie. Intervenant, vendredi 17 août 2002, devant la 54e session de la sous-commission des droits de l'Homme au nom de l'AIF (Alliance internationale des femmes), dans le cadre d'une discussion sur les femmes et les droits de l'Homme, Mme Fatimatou Mansour s'est faite l'écho du drame vécu par les milliers de femmes et d'enfants, et aussi d'hommes, pris en otage depuis plus d'un quart de siècle dans les camps du polisario, à Tindouf, dans des conditions de séquestration absolue et sauvage. La gravité de la situation humanitaire qui règne dans ces camps revêt plusieurs dimensions, a souligné la représentante de l'AIF. Outre le fait que toutes les formes d'exactions et d'atteintes à la dignité physique et morale y sont perpétrées, celles-ci sont l'œuvre des principaux dirigeants du polisario. La militante de l'AIF a estimé que le rejet systématique fait par les dirigeants du polisario à l'endroit de certaines propositions qui permettraient de mettre réellement et rapidement un terme au conflit du Sahara et, partant, de mettre fin au calvaire des séquestrés, prouve leur mépris vis-à-vis du malheur quotidien de ces victimes innocentes. Pour Mme Mansour, les personnes qui ont eu la chance d'échapper de ces camps de la honte, lieux qui, par plusieurs aspects, n'ont rien à envier à certains camps ayant laissé une trace ineffaçable dans l'Histoire de l'humanité, ces personnes ont rapporté des témoignages suffisamment détaillés (noms des tortionnaires, dates et nature des sévices et lieux de détention) pour qu'aucun doute ne plane sur leur véracité, et pour qu'ils soient recevables auprès d'une instance judiciaire internationale. Le cri de détresse de ces victimes, que certaines parties cherchent à étouffer, devrait être perçu comme un indicateur de l'urgence d'une intervention internationale, consécutive à la détérioration incessante de la situation des droits de l'Homme dans ces camps... le maintien de l'attitude de tolérance, voire d'indifférence, à l'égard de cette situation..., présage des pires conséquences. Aussi, est-il légitime de s'attendre à ce que la communauté internationale et les Nations unies mettent en œuvre des mécanismes d'action concrets et urgents pour rétablir le droit et les libertés fondamentales dans ces camps restés, pendant plus de 25 ans, en dehors de la légalité internationale et dérobés à tout contrôle de la communauté internationale, a conclu la militante de l'AIF. Mme Fatimatou Mansour fait partie de la délégation d'ONG composée d'Organisations non gouvernementales marocaines et de militantes de l'AIF, qui ont mené la semaine dernière à Genève, en marge des travaux de la sous-commission et auprès d'experts onusiens et de responsables et de militants d'ONG internationales, une campagne d'information et de sensibilisation sur le drame des séquestrés marocains de Tindouf. Font partie de cette délégation, d'autres personnes dont Mme Aâmari qui a une fille déportée à ce jour encore à Cuba, tandis que Mme Mansour a elle-même été déportée à Cuba, alors qu'elle n'était qu'une fillette de huit ans, pour y rester près de douze ans.