Le rapport sur les combats d'avril dernier dans le camp de Jénine, en Cisjordanie, est venu infirmer jeudi les soupçons du massacre perpétré par Israël, qui s'en réjouit. Selon le rapport dirigé par le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, il n'y pas eu de massacre de civils palestiniens par l'armée israélienne lorsque cette dernière a envahi le camp de Jénine entre le 2 et le 18 avril. Elaborée à partir d'une enquête interne et grâce aux informations fournies par l'Autorité palestinienne, la conclusion de ce rapport se contente de critiquer l'attitude des forces de l'Etat hébreu qui avaient «retardé l'aide aux blessés et les secours humanitaires». L'armée avait effectivement fermé tout accès à toute équipe de soins durant toute la durée du siège du camp. Ce qui avait alors suscité la colère et l'inquiétude des responsables palestiniens, persuadés qu'un massacre était en train de s'opérer dans l'indifférence la plus totale. Jeudi, un haut fonctionnaire du ministère des affaires étrangères M. Taub, en a rejeté la faute sur les «activistes palestiniens», les accusant d'avoir utilisé des ambulances pour transporter des armes ou des combattants. «A Jénine, nous ne pouvions pas être sûrs que des ambulances n'allaient pas être utilisées pour un usage terroriste», a-t-il affirmé. Le rapport, auquel le gouvernement israélien n'a pas voulu collaborer, avait été réclamé en mai dernier par l'assemblée générale de l'ONU. Cette dernière avait été convoquée en session extraordinaire suite à la faillite du Conseil de sécurité qui n'avait su que faire face au refus d'Israël d'autoriser une mission de l'ONU à se rendre sur les lieux. Aucune enquête, aucune résolution n'avait été décidée alors que l'Etat hébreu menait comme bon lui semblait son opération «rempart» dans toute la Cisjordanie. Israël s'est d'ailleurs félicité jeudi que l'enquête ait lavé son armée des accusations de «massacre». Selon Daniel Taub, le rapport «est une réponse aux allégations selon lesquelles il y aurait eu un massacre à Jénine, et le rapport est absolument catégorique sur le fait qu'une telle chose ne s'est pas produite». On est en effet loin des observations effectuées par les premiers organismes humanitaires à s'être rendus au cœur du camps peu après le retrait de l'armée israélienne. «Une horreur qui dépasse l'entendement», s'était par exemple indigné l'envoyé spécial de l'ONU Terje Roed-Larsen, déclarant à la presse que «c'est totalement détruit, c'est comme si un tremblement de terre avait touché» le camp. Le constat était le même du côté d'Amnesty international qui avait appelé à une «assistance humanitaire immédiate » afin de tenter de «sauver le peu de vie qui reste». «C'est l'une des pires scènes de dévastation que j'ai jamais vues», avait même déclaré depuis le camp un délégué de l'ONG, Javier Zuniga. Lors des combats du 3 au 12 avril, plusieurs responsables palestiniens avaient parlé de centaines de personnes «massacrées» et de «crimes de guerre» alors que le rapport fait état de 52 Palestiniens, dont une moitié de non-combattants, et 23 soldats israéliens tués. Les responsables de l'Autorité avaient fondé leurs accusations sur l'utilisation par l'Etat hébreu d'hélicoptères de combat, de chars et de bulldozers lors des affrontements. L'armée israélienne avait pour sa part qualifié le camp de «nid de terroristes», affirmant que les activistes s'en servaient comme base arrière pour leurs attentats-suicide. Mais que fait-on aujourd'hui des «graves violations des lois humanitaires internationales et des crimes de guerre» dénoncées par la quasi-totalité des ONG qui avaient pu se rendre sur place?