Le secrétaire général des Nations-Unies Kofi Annan rédigera bien un rapport sur les événements survenus dans le camp de Jénine début avril, malgré le refus de l'Etat hébreu de laisser une mission se rendre sur place. Kofi Annan a remporté mardi soir une victoire. Il s'était récemment montré impuissant face au refus du gouvernement Sharon de laisser une mission onusienne se rendre dans le camp dévasté de Jénine, en Cisjordanie. Mercredi, par le biais de son porte-parole, il a cependant fait savoir qu'il établirait bien un rapport sur les conditions dans lesquelles se sont déroulées les opérations de l'armée israélienne dans ce camp de réfugiés palestiniens. Et ce d'après une requête votée mardi soir par l'Assemblée générale de l'ONU, lors d'une réunion sur le Proche-Orient. Laquelle instance venant quant à elle supplanter l'organe suprême qu'est le Conseil de sécurité dans son rôle premier. M. Annan aura besoin de documents israéliens et palestiniens pour son rapport, a aussi prévenu Fred Eckhard. Une enquête qui concerne principalement Jénine, mais aussi les autres villes palestiniennes de Cisjordanie occupées par l'armée israélienne tout au long de l'opération baptisée « rempart », en avril. La résolution qui confère cette mission à Kofi Annan avait été proposée par les nations arabe. SI plusieurs des points présentés n'ont pas tous fait l'unanimité, celui concernant Jénine - 24 paragraphes - a recueilli mardi soir 120 votes favorables, 4 contre et 6 abstentions. La représentation israélienne à l'ONU n'a fait aucun commentaire officiel, mais son porte-parole Ariel Milo a précisé que son pays voterait à nouveau contre cette «résolution scandaleuse », dont toutes les mesures n'ont pas été votées. Celle qui condamne l'incursion israélienne en Cisjordanie et le refus de l'Etat hébreu de coopérer avec l'équipe de la mission d'information a aussi été votée, mais à une moindre large majorité… Mercredi, Fred Eckhard a précisé que le rapport serait réalisé par des membres du secrétariat de l'ONU et que le conseiller militaire de M. Annan y participerait. Au nom des Nations-Unies, il a également appelé Israël et l'Autorité palestinienne à « coopérer pleinement». Les Palestiniens avaient à plusieurs reprises accusé Israël d'avoir commis un massacre de civils entre le 3 et le 12 avril lors des combats dans le camp de Jénine. Différents observateurs dépêchés sur place avaient par la suite fait état d'une situation terrible, «une horreur qui dépasse l'entendement » avait même déclaré un envoyé de l'ONU pour le Proche-Orient. D'autres, à l'image d'Amnesty International, avaient parlé de «crimes de guerre», de dégâts plus terribles que ceux causés par un tremblement de terre. Mais pour l'heure, personne n'a encore pu se rendre à Jénine pour illustrer l'étendue du massacre perpétré par l'armée de l'Etat hébreu. Aucun des secouristes et spécialistes n'ont à ce jour pu chiffrer le nombre de victimes palestiniennes dans un camp qui comptait plus de 13.000 réfugiés.