La chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca, qui examine le dossier Youssef Fikri et ses acolytes, devait écouter, hier soir, le réquisitoire du représentant du ministère public. Et c'est lundi 21 juillet, que sera ouvert le dossier de 28 candidats-kamikazes impliqués dans les attentats du 16 mai. Bien que l'audience du mardi soir ait été consacrée à la présentation des pièces à conviction, la Cour a tenté de donner une deuxième et dernière chance à l'«émir de sang», Youssef Fikri, de répondre aux questions qui lui sont posées. «A condition de m'accorder au préalable dix minutes pour m'exprimer librement et sans lignes rouges… », demande l'«émir de sang » avec arrogance. Et d'ajouter, ironique : «C'est cela votre démocratie et vos droits de l'Homme ?», quand le président lui a expliqué que la cour ne se soumettrait jamais à des conditions. Vêtu, cette fois-ci, d'une gandoura bleu-ciel et portant un bonnet blanc, il est retourné vers le banc des accusés en balbutiant des mots incompréhensibles. Aussitôt, les pièces à convictions, composées notamment d'épées, de couteaux, de poignards, de sacs bourrés de matières explosives et de cartons fermés ont été présentées aux «takfiristes». «Je n'avais recours qu'à ma seule force physique pour lutter contre la dépravation et je n'ai jamais utilisé d'arme blanche», s'est écrié Mohamed Damir, un grand gaillard de 31 ans, ceinture noire 3ème Dan en Taekwondo. Deux autres «takfiristes» concernés par les pièces à conviction, à savoir Mohamed Chadli et Rachid Amrine ont nié également tout lien avec les objets confisqués lors de la perquisition de leurs domiciles. La cour s'est ensuite retirée pour délibérer sur la requête concernant la convocation des témoins, présentée au début du procès par Me Tawfik Moussaïf. Une requête qui a été rejetée par la cour. Cette dernière a reporté le procès à l'audience d'hier, dans l'après-midi pour donner le coup d'envoi à l'avocat soutenant la Banque Populaire, qui s'est constituée partie civile, et au réquisitoire du représentant du ministère public. En effet, les avocats soutenant les mis en cause ont relevé «un examen expéditif du dossier» et ont prévu un jugement à la fin de la semaine, autrement dit dans un délai ne dépassant pas la nuit du vendredi au samedi prochain. Cet «examen expéditif» a été expliqué, selon la défense des mis en cause, par l'ouverture dans les prochaines semaines de nouveaux dossiers et surtout celui des candidats-kamikazes impliqués dans les évènements sanglants du 16 mai dernier. Ce dossier, qui sera ouvert dans une première audience, lundi 21 courant concerne 28 candidats-kamikazes. Il s'agit de Abderrazak R'tiwi, le présumé coordinateur des 14 kamikazes qui se sont fait exploser dans les cinq sites ciblés par les attentats-suicides et Mohamed Âmari, alias Abou Zoubeïr, qui devait se faire exploser à l'hôtel Farah (ex-Safir). Seulement, après avoir vu ses compagnons se faire déchiqueter, il a pris la fuite et a été arrêté sur les mêmes lieux. Il s'agit également de Rachid Jalil, alias «Abou Anas», qui devait être l'un des kamikazes qui a opéré au Cercle de l'Alliance israélite. Il a renoncé à la dernière minute, notamment quand il a entendu les premières explosions du restaurant Positano. Cette liste de 28 mis en cause impliqués dans les attentats-suicide du 16 mai et qui seront jugés à Casablanca comporte également les noms des candidats-kamikazes, Yassine Lahnech, alias Abou Ibrahim,Mokhtar Naoud, Khaled Mourassil, Abdessamad Al Wald, Abdelghani Chafiî, Brahim Âchiri, Hassan Tawsi, Hassan Ben Haffou, Saïd Mellouli, Hicham Âlami, Mohamed Mouhim, Mohamed falafil, Redouane Lemfadel, Abdelkrim Bouhaji, Drisse Naji, Jaouad Lamchelegue, Mohamed Laâssel, Yassine Labied, Redouane Chawki, Mohamed Mounaïm, Saïd Amzil, Abderrahim Madrak, Mohamed Ghafi, Mohamed Aâtour et Redouane Khattabi. Par ailleurs, la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Taza a rendu son verdict contre six membres de la Salafiya Jihadiya. A ce propos, elle a condamné Abdelkrim Kariouh et Abdelhak Lahdili, enseignant de son état respectivement à 18 et 10 mois de prison ferme. Quant à Mohammed Kourid, Abdelmoumen Lahlimi, Driss El Kirch et El Hassan Karmad, ils ont été condamnés à des amendes de 5.000 Dh chacun. Ces condamnations ont été rendues après le jugement de six «takfiristes» de Taza.