Les employés de la RATR observent des grèves à répétition depuis quelques mois. Ils n'ont pas été payés depuis juillet dernier. En attendant, le plan de sauvetage de la Régie tarde à prendre forme. Le transport urbain à Rabat demeure un dossier épineux que le ministère de l'Intérieur tarde toujours à considérer comme classé. Et pour cause, les 850 employés de la Régie autonome du Transport de Rabat (RATR) ont observé deux jours de grèves les mercredi et jeudi derniers. Ce n'est pas le premier arrêt du travail du genre. Ils n'ont toujours pas touché les salaires du mois d'août. Depuis, l'administration leur a accordé une simple avance qui varie, en fonction du statut de chaque employé, de 700 DH à 1.000 DH. Aujourd'hui, ils exigent que leur situation soit régularisée une bonne fois pour toutes. Depuis plusieurs mois, pour ne pas dire depuis plusieurs années, la régie navigue à vue. Ses recettes diminuent de jour en jour, le nombre de bus en circulation également, sans parler de l'état de délabrement du parc et des arriérés dus à la CNSS et autres Caisses de retraites. Aujourd'hui, il n'y a plus que 45 bus en circulation, et qui ne rapportent pas plus de 70.000 DH quotidiennement. "Même pas de quoi payer les salaires nets". Il va sans dire que la Régie a des contraintes. C'est le cas du sureffectif, mais surtout des usagers des bus. Il s'agit en grande majorité, voire la totalité, d'abonnées et d'étudiants. En clair, ce sont les recettes de la Régie qui en pâtissent. "Chaque année, des auditeurs externes attirent l'attention des autorités publiques sur les difficultés structurelles dont souffre la Régie. En vain", souligne un syndicaliste de la FDT. En fait, l'Etat procédait régulièrement au renflouement des Caisses de la Régie. Mais il ne s'agissait que de solution de dépannage. Aujourd'hui, Rabat veut s'inspirer de l'expérience de Casablanca (elle-même pas encore aboutie) pour en finir avec l'anarchie du transport urbain dans la capitale. Il s'agira donc de donner en gestion déléguée l'ensemble du transport urbain de toute la ville. La wilaya pense même y inscrire Salé, mais rien est joué d'avance. En attendant, les discussions vont bon train entre élus d'une part, et autorités de tutelle, d'une autre. Le maire de Rabat, Omar Bahraoui, serait pour l'instauration d'un opérateur unique dont la mission sera d'assurer l'ensemble du transport urbain. Pour cela, les sociétés privées opérant dans la ville devront soit se regrouper en un seul consortium, soit carrément disparaître. Les autorités de tutelle, quant à elles, ne voient pas l'avenir du transport urbain de la capitale du même œil. La wilaya et le ministère de l'Intérieur proposent le morcellement du territoire de la ville en quatre zones. Chacune d'entre elles sera dévolue à un opérateur. C'est le choix opéré à Casablanca. Dans la capitale économique, la grogne des employés de la RATC n'en finit toujours pas. Ses employés, eux non plus, n'ont pas été payés, depuis juillet dernier. Pas moins de 1.900 employés sont concernés. Le maire, Mohamed Sajid, s'est réuni avec les représentants syndicaux pour trouver une solution au problème. Effectivement, "le Conseil de la ville de Casablanca s'est engagé à débourser 5 millions de DH pour le paiement des salaires du mois d'août", assure Chrif Mouakat, secrétaire général du Syndicat des employés de la RATC. A la fin de septembre, la même somme devra être déboursée par le contribuable casablancais. Dès le 5 novembre, le nouveau gestionnaire délégué prendra les rênes de la Régie. Dénomée "Médina Bus", la nouvelle société avec laquelle la ville de Casablanca a signé une convention, le 5 août dernier, est constituée de la Régie autonome de transport de Paris (RATP), le groupe Finances.com et la Société Bahja.