Le Conseil de la ville de Rabat souhaite liquider la Régie des Transports et concéder le service à un opérateur unique. Mais le ministère de l'Intérieur veut maintenir la concurrence. Verdict fin juillet. Le feuilleton de la Régie autonome des transports de Rabat (RATR) semble toucher à sa fin. C'est du moins ce qu'espèrent, dur comme fer, les employés de cette Régie qui multiplient les grèves, les sit-in et les réunions avec des responsables à la wilaya et du ministère de l'Intérieur. Aujourd'hui, ils se permettent un peu d'optimisme. Et pour cause, le ministère de l'Intérieur a finalement préparé le cahier des charges pour "la gestion déléguée du service public de transport urbain par autobus". "Nous avons pu jeter un coup d'œil sur ce cahier des charges et nous le considérons comme correct", souligne un employé de la RATR, également syndicaliste de la FDT. Alors que l'appel d'offres pour la reprise de la Régie devait avoir lieu, il y a une semaine déjà, on parle actuellement à la wilaya de Rabat d'un nouvel échéancier : fin juillet. En fait, la problématique est éminemment politique. Le dossier fait l'objet d'un véritable bras de fer entre les élus, essentiellement ceux du Conseil de la ville de Rabat, et l'autorité de tutelle, à savoir le wali (également ordonnateur du budget de la ville) et le ministère de l'Intérieur. Les premiers souhaitent liquider totalement et définitivement la RATR et concéder par la suite le secteur du transport urbain à un opérateur unique par voie d'appel d'offres international ouvert. L'option de concession arrêtée de manière informelle par le Conseil de la ville de Rabat, lors des débats à l'occasion des déblocages de subventions au profit de la Régie, consiste à reproduire le schéma de Marrakech. Ils refusent ainsi clairement l'option casablancaise qui a consisté à donner en gestion déléguée la RATC à un opérateur privé, tout en maintenant en activité les autres sociétés, privées elles-aussi, qui opèrent dans l'agglomération de Rabat. En imposant un opérateur unique, les élus de Rabat espèrent attirer un grand groupe de transport urbain de renom international. En maintenant la concurrence, cet objectif sera difficilement accessible. Pour sa part, le ministère de l'Intérieur a clairement choisi l'option de la gestion déléguée. Le cahier des charges qu'il a élaboré le prouve. En clair, la RATR sera sauvée et les sociétés privées existantes poursuivront leur activité, évidemment dans le cadre de nouveaux contrats avec les Conseils communaux concernés. Ceci dit, le Conseil de la ville de Rabat est conscient que le choix de l'option de l'opérateur unique pose deux principaux problèmes. C'est ce qu'assure Abdelmonaïm Madani, vice-président du Conseil de la ville et élu du PJD. "Nous sommes conscients que notre choix nous impose de trouver une solution juste d'une part pour les employés de la Régie, surtout les plus performants, et d'autres part pour les sociétés privées qui opèrent dans l'agglomération", souligne-t-il. Sur ce dernier point, il ajoute : "Certaines sociétés sont très sérieuses et professionnelles et méritent ainsi leur place au sein du secteur, mais d'autres offrent malheureusement un service catastrophique, indigne de la population de Rabat". Pour Bouchaïb Jebbour, membre du Conseil communal de la capitale et élu de l'USFP, "le ministère de l'Intérieur doit impérativement prendre en compte les avis du Conseil de la ville". En clair, si ce dernier opte pour un opérateur unique, le ministère de l'Intérieur doit accepter son choix. En attendant, une enveloppe de 90 millions de DH, à laquelle ont participé les communes, la direction des collectivités locales et la Fondation Mohammed V, est d'ores et déjà prête pour financer le plan social de la RATR. Elle servira à payer les arriérés des caisses et les départs volontaires des employés.Pour résumer, les élus de Rabat avancent des arguments purement juridiques. Ils rappellent que la gestion du secteur du transport urbain a été expressément attribuée aux communes. Il n'est donc pas question d'outrepasser les dispositions de la Charte communale.