Les études prospectives menées par trois caisses de retraites nationales soulignent l'imminence d'un déséquilibre de leurs prestations. Le gouvernement doit agir d'urgence pour éviter une faillite annoncée. Le constat est sans appel et émane des trois caisses de retraites nationales. Les régimes de retraites sont en crise. A la demande de la commission technique chargée de la réforme des régimes de retraite, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraites (CIMR) et le Régime collectif d'allocation de retraite (RCAR) ont précédé à une évaluation actuarielle de leurs systèmes respectifs. La lecture de ces rapports montre que les trois caisses vont droit au mur. D'abord la CNSS. A moyen terme, les conditions de viabilité de ses prestations vont changer. Sans se projeter très loin dans le temps, le scénario de la CNSS, basé sur le taux actuel de cotisation (11,89%), démontre un déséquilibre entre les cotisations et les prestations dès 2005. En 2003, les cotisations ont été de l'ordre de 3921 millions de DH pour des prestations de 3800 MDH. La supériorité des cotisations sur les prestations touchera à sa fin en 2005, soit 4446 MDH pour 4553 MDH. Mais, compte tenu des réserves, elle n'entraînera pas immédiatement un déficit dans le solde financier. Le déséquilibre commence en 2011 avec un solde financier de moins de 520 MDH alors qu'il était de plus de 606 MDH en 2003. Ce scénario de catastrophe imminente peut être difficilement évité. Même difficulté pour la CIMR. Le rapport met en évidence «la dégradation irréversible de l'équilibre technique de la caisse en l'absence de toute mesure corrective». La représentation graphique, qui montre l'évolution du fonds de réserve de la caisse sur 60 ans, fait ressortir une situation négative dès 2012. A partir de cette date, la CIMR ne sera pas en mesure d'honorer ses engagements. Dans un entretien avec ALM, Khalid Cheddadi, directeur général de la CIMR, s'en défend et explique que le rapport a été rédigé, avant la réforme engagée par cette caisse. «Aujourd'hui, grâce à l'adoption de l'importante réforme 2003, les équilibres financiers et actuariels du régime ont été rétablis», explique-t-il. En ce qui concerne le rapport du RCAR, il est moins alarmiste que les précédents. Il faut reconnaître que les engagements des actifs du RCAR, constitués des cotisations salariales (6%) et des contributions patronales (12%), ont augmenté de 10% en une année, passant de 45 767 MDH en 2002 à 50 403 MDH en 2003. Cette hausse est surtout due à la prise en charge de la caisse des retraites de la Régie des Tabacs. Les projections dans l'avenir aboutissent cependant à une insuffisance de trésorerie en 2045 – horizon de viabilité du régime. Les trois études prospectives des caisses de retraire soulignent l'urgence de se saisir de ce dossier pour éviter qu'il n'explose au grand jour.