Après celle d'Enron, la faillite de la deuxième compagnie américaine de téléphonie longue distance a été prévisible. L'Amérique est sous le choc. La faillite était attendue. La deuxième compagnie américaine de téléphonie longue distance, a déposé son bilan dimanche dernier. Il s'agit selon les analystes de la plus grosse faillite de l'histoire des Etats-Unis. La faillite de cet opérateur a éclipsé celle d'Enron, géant du courtage en énergie jugée, il y a quelques mois, comme étant un record dans l'histoire des faillites aux Etats-Unis. Depuis un mois, WorldCom est au centre d'un scandale financier qui est en grande partie responsable de la crise de confiance des investisseurs et de la chute des places boursières. Fin juin 2002, des malversations comptables avaient été révélées concernant un montant de 3,85 milliards de dollars. Face à cette situation, Worldcom n'avait pas finalement trop le choix. Pour sauver la mise, l'opérateur a décidé de se placer sous la protection du Chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. Le numéro deux américain des télécommunications longue distance, derrière ATT, continuera à exercer ses activités normalement. L'objectif étant aussi d'éviter des préjudices immédiats sur ses clients. L'opérateur bénéficiera du temps nécessaire pour restructurer son bilan et réduire sa dette, notamment en vendant ses actifs, à l'abri de ses créanciers. Notons que le groupe a obtenu un prêt de 2 milliards de dollars. Ce qui va lui permettre de faire face à ses obligations pendant la période de redressement, dont un engagement de 750 millions de dollars de Citibank, JP Morgan Chase Bank et General Electric Capital Corporation. L'opérateur espère être tiré d'affaire d'ici neuf à douze mois. Pour l'heure, il s'agit de développer cette entreprise de la meilleure façon possible et avec la plus haute exigence éthique de sorte que WorldCom puisse continuer à être un acteur important de notre économie. Du moins si l'on en juge par les dernières déclarations de John Sidgmore, nommé PDG du groupe après l'éviction en avril dernier du fondateur Bernard Ebbers. Selon le Wall Street Journal, le maintien de John Sidgmore à la tête de l'opérateur est loin d'être acquis. Le quotidien avance qu'il y aurait même un large consensus en faveur de son remplacement, citant des sources proches des créanciers. On se demande maintenant comment le groupe va regagner la confiance des investisseurs au moment où les responsables américains, encore sous le choc du scandale Enron montent au créneau : dès le lendemain de la découverte de la fraude comptable chez Worldcom, le Président Bush a qualifié cette affaire de «scandaleuse», avant de s'avouer préoccupé par l'impact que pourrait avoir le scandale sur l'ensemble de l'économie américaine. Du côté du Secrétaire au Trésor, Paul O'Neill, on affirme que les responsables devaient être poursuivis en justice le jour même où une commission du Congrès décidait d'émettre quatre citations à comparaître visant des dirigeants anciens et actuels du groupe.