Wall street est prise dans la tourmente d'un nouveau scandale financier : l'escroquerie comptable de Worldcom. Du coup, toutes les places européennes et asiatiques se sont enlisées, mercredi, dans le rouge. Le vent de folie des scandales financiers des sociétés américaines souffle de nouveau sur les bourses mondiales. Après les dérapages d'Enron, de Global Crossing, d'Andersen, de Tyco Internnational et d'Imclone, une nouvelle affaire est venue porter un autre coup à Wall Street : Worldcom, deuxième opérateur américain de téléphonie longue distance, a annoncé mardi soir un trucage de ses comptes portant sur près de 3,85 milliards de dollars. C'est la plus grande escroquerie comptable de l'histoire, déclare-t-on, mercredi, dans les colonnes de la presse américaine. Le management de Worldcom a en effet reconnu avoir comptabilisé des dépenses d'exploitation, comme des frais habituels de maintenance de réseaux en tant qu'investissements productifs, ce qui lui permettait de gonfler son cash flow et de publier artificiellement des bénéfices. La nouvelle a entraîné Wall Street, mercredi, à un plus bas historique, proche de celui qu'elle a connu après les attaques du World Trade Center. Le titre Worldcom a été, quant à lui, suspendu en avant-bourse après avoir plongé de 80 dollars à 9 cents. Dans la foulée, toutes les bourses européennes et asiatiques ont, eux aussi, clôturé en forte baisse. Le vent de Wall Street a soufflé encore une fois sur les places financières internationales, entraînant leur chute à des planchers historiques. Encore échaudés par les pratiques comptables peu déontologiques d'anciennes stars de la côte new-yorkaise, par les poursuites judiciaires engagées à l'encontre des banques d'affaires américaines et par les enquêtes menées sur les pratiques frauduleuses des analystes financiers lors des introductions des technologiques en bourse, les investisseurs ne savent plus où donner de la tête. Pour les rassurer, la Securities and Exchange Commission (SEC, équivalent du Conseil Déontologique des valeurs Mobilières au Maroc) s'est rapidement saisie de l'affaire. Elle a déposé, mercredi, une plainte au civil pour escroquerie contre Worldcom. En engageant cette action, le président de la SEC, Harvey Pitt, a déclaré qu'il cherchait notamment à empêcher l'opérateur des télécoms de céder des actifs et de détruire des documents. Et d'ajouter que la SEC ferait en sorte que les personnes coupables d'exactions financières soient punies par des peines de prison ferme. Par ailleurs, les bourses européennes et asiatiques ont clôturé en hausse, jeudi, à la faveur de la montée de Wall Street et des multiples interventions des gouvernements et des banques centrales. L'affaire du géant américain des télécoms ne s'arrêtera certainement pas là. Les conséquences seront désastreuses si la firme vient de déposer son bilan, estiment des analystes. En effet, les dettes contractées par Worldcom atteignent les 30 milliards de dollars. La nouvelle pourrait bloquer un financement de cinq milliards de dollars sur lequel compte le groupe pour renflouer sa trésorerie. Sans ces fonds, la firme pourrait se trouver contrainte d'annoncer sa faillite dans douze mois.