Alimentée par la faillite de WorlCom, la méfiance des actionnaires américains ne cesse de grandir. Wall Street continue sa longue descente aux enfers entamée il y a neuf semaines, bien que George Bush affirme voir une lumière éblouissante au bout du tunnel. "Je suis optimiste. Je crois que l'avenir va être radieux (...) Je ne suis pas courtier mais je crois vraiment que les bases d'une croissance économique sont réelles", a déclaré le président des Etats-Unis. Il a à nouveau demandé au Congrès de voter une loi renforçant le contrôle de la comptabilité des entreprises et les sanctions infligées aux patrons malhonnêtes. "Et d'après ce que j'entends, les profits des entreprises augmentent, ce qui signifie que des gains seront disponibles pour ceux qui investissent", a-t-il affirmé. Mais à mesure que s'allonge la liste des entreprises ayant falsifié leur comptabilité, la défiance des investisseurs se renforce. L'affaire WorldCom n'arrange évidemment rien. Le numéro deux des télécommunications longue distance établit le triste record du plus important dépôt de bilan de l'histoire des Etats-Unis, avec 107 milliards d'actifs, soit deux fois plus que le courtier en énergie Enron, mais aussi 30 milliards de dollars de dette et des comptes gonflés de près de 4 milliards. La société, qui emploie 85.000 personnes et compte s'en tenir aux 17.000 suppressions de postes annoncées en juin, espère s'en sortir dans les 12 mois. Le titre, qui a coté jusqu'à 64,50 dollars en juin 1999, ne valait plus qu'environ 9 cents lundi, soit 0,09 dollar... Au dépôt de bilan annoncé de WorldCom se sont ajoutées les prévisions à la baisse de l'opérateur de télécommunications américain South Bell, tirant le secteur et la Bourse vers le bas. Ainsi, Wall Street continue de dévisser après un démarrage à la baisse. Après la dégringolade record de vendredi (-4,6%, soit 390 points, à 8.019,26), l'indice Dow Jones des valeurs industrielles perdait plus de 300 points en début de soirée. L'indice Nasdaq des valeurs technologiques reculait de 43,41 points (-3,3%), à 1.275,74, et l'indice Standard & Poor's 500 33,94 points (-4%), à 813,81. Les analystes estiment que les investisseurs, lassés des scandales, ont pris leurs distances, préférant reprendre leurs billes ou les déposer dans des secteurs moins risqués tels que le foncier ou les obligations. Du coup, le marché baisse constamment depuis le 17 mai, la dernière fois où les trois principaux indices américains ont enregistré une hausse sur la semaine. Le climat était le même dans le monde entier. A Paris, le CAC 40 a cédé 5,25%, à 3.149,69 points, retombant à son plus bas depuis octobre 1998, tandis que le FTSE à Londres dégringolait de 5%, à 3.895,5 points, son pire niveau depuis le 6 septembre 1996. A Francfort, le DAX lâchait 5,6%, à 3.670 points. Et après? De nombreux analystes estiment que le retour de manivelle, après l'euphorie des dernières années, n'est pas fini. "C'est toujours la même histoire", explique Steven Goldman, du cabinet Weeden & Co. de Greenwich, dans le Connecticut : "Tout le monde espère un rebond, nous avons essayé d'en avoir un, mais nous n'avons pas réussi. Beaucoup d'investisseurs ne voient pas de raison d'investir maintenant. Beaucoup ont subi de fortes pertes, ils ne veulent pas perdre plus".