Israël persiste dans sa politique de torpillage du plan de paix. L'approbation par le gouvernement Sharon d'une nouvelle phase de construction de la barrière de l'apartheid, nom donné par les Palestiniens au mur qu'Israël construit en Cisjordanie, est la dernière manifestation en date de ce sabotage. Les violations de la « feuille de route » par Israël ne se comptent plus. Le gouvernement d'Ariel Sharon est, en effet, déterminé à construire de nouveaux tronçons d'une ligne de sécurité empiétant largement sur le territoire de la Cisjordanie. L'État hébreu affirmant ainsi vouloir protéger des blocs de colonies, en dépit de véhémentes protestations qui fusent des quatre coins du globe. Au même moment, voulant à tout prix enterrer tout ce qui pourrait s'apparenter à la paix, Israël a fait part de sa volonté de lancer des projets de construction de centaines de nouveaux logements dans les implantations juives de Cisjordanie, en totale violation de la « feuille de route ». En effet, le ministère de l'Habitat a lancé un appel public d'offres pour la construction de 565 nouveaux logements dans trois colonies urbaines de Cisjordanie occupée. Une décision justifiée par le ministère du Logement par une « politique du gouvernement visant à promouvoir et développer les communautés de Cisjordanie et de Gaza en fonction de leurs besoins et de leur croissance naturelle ». 530 des nouveaux logements doivent être érigés dans l'implantation ultra-orthodoxe de Beitar Elit près de Bethléem, 11 dans l'implantation de Maalé Adumim à l'Est de Jérusalem et 24 autres à Ariel dans le Nord de la Cisjordanie. Cependant, le plan de paix soutenu par les Etats-Unis appelle au gel total des constructions dans les implantations, mais Israël veut continuer à construire pour répondre à ce qu'il appelle la croissance naturelle de la population de ces implantations. Concernant le fameux « mur de sécurité », le ministre des Affaires étrangères israélien Sylvan Shalom a confirmé que dans six mois, la ligne devrait inclure la colonie d'Ariel en espérant que ce serait fait avec l'accord des Américains. Le ministre des Affaires étrangères avait rappelé à ce sujet que toute une partie de la droite réclamait l'annexion à Israël des territoires à l'Est de la ligne, dans les zones palestiniennes. En fin de compte, la ligne devrait s'étendre sur 430 km et englober 80% des quelque 220.000 colons habitant en Cisjordanie, sans compter les 200.000 Israéliens qui résident à Jérusalem-Est occupée et annexée depuis juin 1967. La ligne englobera en Cisjordanie quelque 350.000 Palestiniens, dont un quart de million à Jérusalem-Est et ses alentours. Le coût global de ce projet en contradiction avec les valeurs huamaines est évalué à plus d'un milliard de dollars par les autorités israéliennes, qui prévoient de l'achever d'ici un an et demi à deux ans. Quelque 140 km de cet ouvrage, érigé sur la base de vouloir mettre fin aux infiltrations des résistants palestiniens en Israël, ont déjà été construits dans le nord de la Cisjordanie à proximité de la « ligne verte » de démarcation entre Israël et ce territoire. Les 290 km restants doivent être construits en plusieurs phases. Dans un premier temps, des « clôtures de sécurité » doivent être construites à l'est de cinq blocs d'implantations, notamment celle d'Ariel qui s'enfonce de 20 km en Cisjordanie. Dans une seconde phase, six mois plus tard, ces segments devront être liés entre eux et à la ligne existante. La direction palestinienne a averti que la décision d'Israël aurait de graves conséquences sécuritaires et politiques et qualifié cette décision de « colonialiste et expansionniste ». Les Palestiniens, la communauté internationale et Washington en particulier s'opposent à ce que la ligne s'enfonce en Cisjordanie de crainte d'une annexion de facto de secteurs du futur Etat palestinien promis par la « Feuille de route ». Toutefois, Washington a réagi avec la plus grande prudence, le département d'Etat se bornant à déclarer qu'il allait « examiner de très près » la décision israélienne. Selon des analystes de la presse israélienne, Ariel Sharon ne s'attend pas à des pressions américaines dans six mois, compte tenu de l'approche des élections présidentielles américaines en novembre 2004, au prix de concessions mineures sur le tracé de la ligne. L'Autorité palestinienne a dénoncé la décision d'Israël. « Elle va compliquer les efforts pour remettre le processus de paix sur les rails », selon Nabil Abou Roudeina, un conseiller de Yasser Arafat, qui juge inadmissible qu'Israël impose un fait accompli.