Le Maroc a appelé le Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) à se départir de son "indifférence incompréhensible". Un silence jugé coupable, face à la tragédie vécue par les populations marocaines séquestrées dans les camps de Tindouf. Le Maroc a mobilisé sa machine diplomatique pour mettre en évidence la situation dramatique que vivent nos compatriotes marocains séquestrés au sud de l'Algérie par le Polisario et les violations de leurs droits humains les plus élémentaires dans les camps de Tindouf situés au sud-ouest algérien. Dans une intervention devant le Comité exécutif du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR), mercredi, l'ambassadeur du Maroc auprès des Nations Unies à Genève, Omar Hilale, a appelé cet organisme humanitaire international à veiller à l'interdiction de l'utilisation des camps pour l'internement des prisonniers de guerre marocains, à mettre un terme aux violations répétées de leurs droits, et à procéder au recensement et à l'identification de nos compatriotes séquestrés dans les camps situés au sud-ouest de l'Algérie. S'agissant de l'utilisation des camps pour l'arrestation des détenus militaires, l'ambassadeur marocain a rappelé que le Comité exécutif du HCR avait adopté, il y a un an, la "Conclusion N 94" sur "le caractère civil et humanitaire de l'asile et la responsabilité des Etats de veiller à l'interdiction de l'utilisation des camps pour l'internement des prisonniers de guerre". À cet effet, il s'est interrogé sur les mesures adoptées par le HCR pour mettre en oeuvre cette Conclusion dans le cas des camps de Tindouf. "Cette interrogation s'impose avec acuité après la publication, en juillet dernier, par l'ONG française "France libertés" d'un rapport accablant, suite à sa mission d'enquête menée à Tindouf au mois d'avril 2003, sur les conditions dégradantes et inhumaines des détenus internés dans les camps de Tindouf", a-t-il dit. Rappelant que le Maroc a toujours dénoncé avec force devant le Comité exécutif du HCR le recours systématique, en violation flagrante du DHI, aux détenus marocains pour la construction des infrastructures des camps de Tindouf, des administrations, des hôpitaux, des écoles, des internats, des jardins et des puits. "Même les projets financés ou soutenus par les bailleurs de fonds, tels que le PAM, l'ECHO ou l'OXFAM, sont l'œuvre exclusive des détenus marocains, alors que l'enveloppe budgétaire réservée à la main-d'œuvre est détournée par la nomenklatura du Polisario", a expliqué l'ambassadeur marocain. S'agissant de l'Algérie, M. Hilale l'a appelé au nom du gouvernement marocain à "assumer pleinement ses responsabilités découlant de la Conclusion 94, à l'élaboration et à l'adoption de laquelle il a participé, l'année dernière, et ce en mettant d'urgence un terme aux atteintes aux droits les plus élémentaires de nos détenus, et de préserver le caractère civil et humanitaire des camps". Par ailleurs, le Représentant du Maroc à Genève a évoqué l'enregistrement et l'établissement de documents au profit des populations des camps de réfugiés. À ce sujet, il a relevé "l'importance cruciale reconnue à ces deux outils de protection", ainsi que "la haute priorité" que leur accorde le Haut Commissaire dans son rapport de cette année à l'Assemblée générale. Toutefois, a-t-il déploré, "ma délégation constate avec préoccupation, comme par le passé, que les populations des camps de Tindouf séquestrées, depuis plus d'un quart de siècle, n'ont pas bénéficié de cette opération, combien fondamentale pour toute mission de protection et d'assistance" malgré les exhortations récurrentes du Maroc.