La station de traitement des eaux usées de Tanger sera dressée au pied de la Casbah, au grand dam de certains élus de la ville. Ils affirment n'avoir pas été consultés pour sa réalisation. Les travaux de construction, déjà lancés, progressent chaque jour davantage. Les élus de Tanger grognent contre le chantier de la plate-forme de la station de traitement des eaux usées de leur ville. Certains d'entre eux affirment n'avoir pas été informés de ce projet. «Je suis membre au Conseil de la ville, et contrairement à ce qui a été dit ici et là, j'affirme qu'il n'y a jamais eu de réunion à ce sujet», confie à ALM Abdellatif Chahboune, élu USFP au Conseil de la ville de Tanger. Il explique qu'il y a eu juste une journée d'information avec les responsables d'Amendis, société chargée de la construction de la station, mais que personne n'a pu voir les plans de l'ouvrage. M. Chahboune ajoute qu'Amendis a été autorisée à procéder aux travaux, sans avoir obtenu au préalable de permis de construire. «Pourquoi n'a-t-on pas délivré de permis de construire ? S'agit-il d'une base militaire secrète ?», s'interroge faussement l'élu de Tanger. Dahman Derham, maire de Tanger, reconnaît que «le projet de la station des eaux usées n'a pas encore été soumis au Conseil de la ville». Il affirme qu'un comité de suivi, «dépendant de la mairie», en a la charge et qu'une rencontre avec tous les élus est programmée. Il explique aussi qu'un permis de construire ne peut être octroyé à ce stade du chantier. Selon le maire de Tanger, Amendis n'a pas encore procédé à une construction nécessitant un permis. Cette société occupe un domaine maritime «en vue de baliser le terrain pour une construction». Ce qui est «tout à fait légal» : Amendis a obtenu une autorisation du ministère de l'Equipement et des Transports «pour l'occupation temporaire du domaine public maritime», selon Dahman Derham. L'ouvrage à proprement parler sera construit ensuite et fera l'objet d'un concours. Le maire de Tanger déclare que dix-huit architectes ont déjà fait part de leur souhait de participer au concours. «C'est seulement après la sélection d'un dossier que le permis de construire sera délivré». Ces réponses sont toutefois loin de calmer des élus qui voient chaque jour «le serpent» de la jetée se prolonger davantage. «La construction de cette plate-forme va prendre définitivement en otage l'un des plus beaux sites de Tanger», déplore un membre du Conseil de la ville. D'un montant de 60 millions de DH, la plate-forme prospère au pied de la Casbah de la ville. Dans une lettre d'information, Amendis la décrit ainsi : «D'une superficie totale de 10 800 m2 avec 7000 m2 de surface utile, la plate-forme aura une forme rectangulaire de 70 x 140 m et sera située à 200 m à l'ouest de l'enracinement de la jetée du port». S'il permet de se faire une idée de la taille de la station, ce descriptif demeure toutefois assez vague pour avoir une représentation de l'ouvrage. A quoi va-t-il ressembler? A quelle hauteur s'élève le béton de l'eau ? Dix, quinze, vingt mètres ? Ressemblera-t-il à un rideau en pierre devant la Casabah ? Tanger est une ville mythique. Et le site choisi pour la construction de la plate-forme risque de ternir un mythe qui contribue aussi au développement économique de la ville. Si sa nécessité est impérieuse, la station de traitement de Tanger ne devrait pas s'élever en démolissant un patrimoine culturel.