Il n'existe à ce jour aucune étude au niveau national en mesure de quantifier l'ampleur du phénomène. Pour briser le silence et lever le voile sur les violences à l'encontre de ces personnes, l'Association des parents et amis des personnes handicapées Mentales, HADAF, a organisé le lundi 21 décembre à Rabat une table ronde. L'objectif de cette rencontre étant d'amener la société à une réflexion autour de cette problématique et sur l'impact et les répercussions négatives de la violence sur la femme en situation de handicap mental. «Les femmes handicapées sont des oubliées et aucun dispositif pour leur venir en aide n'a été mis en place. Jusqu'à présent, l'impact des effets combinés du genre et du handicap n'a pas été traité et la violence à l'égard des femmes handicapées demeure encore largement ignorée . D'où la nécessité de travailler sur cette question», indique la présidente de l'association Hadaf, Amina Msefer. L'association estime que les personnes en situation de handicap sont trois fois plus sujettes à la violence. Durant ses 18 ans d'existence, l'ONG a reçu plusieurs cas de victimes de violence de tout genre (sexuelle, psychologique, économique…). S'agissant de la violence sexuelle, la présidente de l'association relève que les cas sont loin d'être isolés. Les agresseurs profitent de la situation et la déficience intellectuelle de ces femmes pour abuser d'elles. A ce sujet, Mme Msefer cite le cas d'une jeune fille qui attendait le bus. Un jeune homme a profité de son handicap pour l'emmener avec lui. Il l'a violée à plusieurs reprises et l'a abandonné dans la forêt. Les personnes victimes de viol préfèrent garder le silence plutôt que de porter plainte à l'encontre du violeur. En l'espace de 18 ans, seulement 2 cas ont été déclarés au sein de l'association. Selon Mme Msefer, ces violences émanent le plus souvent de l'entourage le plus proche. «Les garçons ne sont pas épargnés du phénomène du viol», précise la présidente. L'autre constat à relever est que les filles en situation de handicap mental sont marginalisées par leurs familles. «Au lieu de les scolariser, bon nombre de parents préfèrent qu'elles restent à la maison pour accomplir les tâches ménagères. Il s'agit là d'une forme de violence dans la mesure où tout enfant en situation de handicap a le droit à l'école», affirme Mme Msefer. Pire encore, «des parents refusent de faire la carte d'identité nationale à leur enfant en situation de handicap mental jugeant que ces derniers n'en n'ont pas besoin. Ils se retrouvent ainsi sans identité» déplore la présidente de l'association. Pour rappel, selon les résultats du recensement général de la population et de l'habitat de 2014, le Maroc compte 1.353.766 personnes en situation de handicap, soit 4,1% de la population.