Une erreur humaine a entraîné la collision de lundi soir entre un Tupolev et un avion-cargo dans le sud de l'Allemagne. Si le bilan est connu 71 morts dont 52 enfants, reste la grande question : «à qui la faute ?». Il était 23h40 (21h40 GMT) lundi lorsque les deux avions, un Tupolev-154 russe et un avion-cargo allemand, sont entrés en collision en plein vol, entraînant la mort de 71 passagers – dont 52 enfants -, dispersant des débris sur un vaste périmètre et incendiant des bâtiments. Les contrôleurs aériens suisses, responsables du secteur où s'est produit le drame, près du lac de Constance, dans le sud de l'Allemagne, ont aussitôt expliqué que le pilote russe avait réagi trop tardivement à leurs demandes de diminuer son altitude. Selon eux, les deux appareils ont donc plongé simultanément pour tenter de s'éviter quand la catastrophe s'est produite. «Le pilote du Tupolev-154 de la compagnie Bashkirian Airlines n'a commencé sa manœuvre qu'après y avoir été invité à trois reprises par les contrôleurs aériens de Zurich», a déclaré un des responsables, Anton Maag, mardi. En face, l'avion-cargo allemand, un Boeing 757 affrété par la compagnie de livraison DHL, a commencé à plonger quand l'alarme s'est déclenchée à bord pour lui ordonner de réduire son altitude. Si le Boeing avait maintenu sa trajectoire, «il n'y aurait certainement pas eu collision», a expliqué M. Maag. Cette version avancée par les responsables suisses quant à la responsabilité du pilote russe semble cependant ne pas avoir convaincu Moscou. «Nous n'avons guère d'explications», a ainsi déclaré le premier ministre russe Mikaïl Kassianov, soulignant que l'équipage comme l'avion «possédaient tous les certificats nécessaires». «Cette tragédie dépasse l'entendement», a-t-il ajouté depuis Paris où il est en visite. Et d'insister : «l'avion est pratiquement neuf - sept années d'exploitation seulement -, l'équipage avait dix ans d'expérience de vol et était parfaitement anglophone». «Il est clair qu'il y a là une erreur humaine. Mais elle ne survient pas comme ça» a pour sa part déclaré Alexandre Neradko. Le chef de la direction de l'aviation civile russe, également vice-ministre des transports, a aussi souligné que «toute une série de facteurs, y compris au sol, entrent en jeu. L'erreur humaine est en partie causée (par les services) au sol». L'accident s'est en tout cas produit alors que les deux avions survolaient, à une altitude de 12.000 mètres, la ville d'Überlingen. Pour retrouver les victimes, des hélicoptères équipés de caméras infrarouge ont quadrillé le secteur avec l'aide de 500 policiers et pompiers. Un responsable de l'aéroport moscovite de Domodedovo a précisé que le Tupolev transportait 57 passagers et 12 membres d'équipage, tous de nationalité russe et tous portés disparus. Cinquante-deux enfants et adolescents partant pour un séjour en Espagne organisé par l'UNESCO, figurent donc parmi les victimes. Quant à l'avion-cargo, il n'avait à son bord que ses deux pilotes, un Britannique et un Canadien, également morts. Un contrôleur de l'aéroport de Francfort a précisé que le Boeing transportait du fret pour le compte de l'entreprise de livraison DHL qui avait décollé de Bahrein à destination de Bruxelles. Mardi les secouristes continuaient de rechercher les corps des victimes. Ils ont déjà retrouvé la boîte noire du Tupolev, peut-être la réponse à la fameuse question : «à qui la faute ?».