Une figure controversée du cinéma américain disparaît. Le réalisateur Elia Kazan, deux fois oscarisé mais mis au ban de Hollywood pendant plusieurs années pour ses agissements lors de la «chasse aux sorcières», est décédé dimanche à son domicile de Manhattan à l'âge de 94 ans. «Un génie nous a quittés», a déclaré son avocate Floria Latsky, qui a annoncé la nouvelle. «Il faisait partie des grands». Homme de théâtre avant de se tourner vers le cinéma, Elia Kazan avait adapté des classiques tels que «Un Tramway nommé désir» ou «Mort d'un commis voyageur». Il avait ensuite embrassé la carrière de cinéaste, réalisant notamment «Viva Zapata!» (1952), «A l'Est d'Eden» (1955), «Le Dernier Nabab» (1956), «Sur les Quais» (1954) et «L'Arrangement» (1959). Il avait reçu l'Oscar du meilleur réalisateur pour ces deux derniers films. Outre ses talents de cinéaste, ce fils d'immigrés grecs était également célèbre pour son rôle dans la «chasse aux sorcières». Il avait ainsi témoigné devant la Commission des activités anti-américaines contre ses anciens camarades du Parti communiste des années 30. Plusieurs années plus tard, il avait assuré ne ressentir aucune culpabilité pour cet acte que beaucoup à Hollywood avaient perçu comme une trahison. «Il est normal d'éprouver de la tristesse après avoir fait du mal aux gens, mais je préfère leur faire un peu de mal, plutôt que de m'en faire beaucoup», avait-il déclaré. En 1999, l'académie des Oscars avait décidé de l'honorer pour l'ensemble de sa carrière, rouvrant ainsi d'anciennes blessures et relançant la controverse. Lors de la cérémonie, certains spectateurs avaient manifesté leur désapprobation, pendant que d'autres acclamaient le cinéaste. «Merci beaucoup. J'apprécie vraiment d'entendre cela et je voudrais remercier l'académie pour son courage et sa générosité», avait commenté le réalisateur. Né en 1909 à Constantinople, Elia Kazan était arrivé aux Etats-Unis avec ses parents à l'âge de quatre ans. Il se tourne très jeune vers le théâtre, d'abord comme acteur, puis comme metteur en scène. Après plusieurs pièces remarquées, il adapte «Mort d'un commis voyageur» d'Arthur Miller, avant de collaborer avec l'auteur dramatique Tennessee Williams.