Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, le monde se divisa en deux blocs distincts : le bloc de l'Est et le bloc de l'Ouest. Le premier est guidé par l'union soviétique ayant dans son giron les pays de l'Europe de l'Est. Le second ayant comme chef de file les Etats-Unis auxquels se rallièrent les pays de l'Europe de l'Ouest. Il n'y a guère de conflit entre les deux blocs mais la guerre devient froid, elle est idéologique et politique. A l'instar de bien d'autres domaines, la guerre froide gagna le cinéma. Les Américains produisent des films anti-soviétiques pendant que les soviétiques produisent des films anti-américains dans le fond et dans la forme. A Hollywood, on devient vigilant vis-à-vis de la production de films et la Mecque du cinéma n'avait d'autre alternative que de soutenir cette guerre aussi froide soit-elle. Cependant, à partir de 1947, un cimat de suspicion commença à s'installer à Hollywood. Des films surgissent ici et là qui n'épousent pas nécessairement l'idéologie dominante. Les politiciens sont les premiers à se rendre compte. Le sénateur Joseph McCarthy obtint l'autorisation de créer une commission devant fouiner dans les activités anti-américaines. Faisait partie de cette commission le très sinistre Richard Nixon qui rejoignant plus tard les poubelles de l'histoire à cause du Watergate dont il est l'instigateur. La commission présidée par Joseph McCarthy procédait aux auditions des personnalités les plus soupçonnées de Hollywood. Venaient en tête les scénaristes inventeurs d'histoires «louches», suivis des réalisateurs qui avaient choisi de telles histoire parmi tant d'autres, sans épargner les acteurs qui se livraient à des gestes et lançaient des propos portant «atteinte» aux valeurs sacrées de l'Amérique. Ceux qui acceptent de collaborer en donnant des noms, sont évidemment épargnés. Parmi eux Robert Taylor, Gary Cooper, Elia Kazan qui deviennent de véritables délateurs. D'autres refusent tout compromis : Sterling Hayden, Dalton Trumbo, Abraham Polansky, Martin Ritt. Ceux qui apprennent l'existence de cette commission à des kilomètres de l'Amérique sont immédiatement forcés à l'exil. Joseph Losey et Charlie Charpin se trouvaient l'un au Royaume Uni. L'autre en France. D'autres malheureux sont poussés inévitablement au suicide. Le cas de l'acteur-vedette John Garfield est le plus flagrant. La liste noire comptait pas moins de 200 soupçonnés parmi eux d'illustres acteurs tels que Sam Wanamaker, on Zero Mostel. Le sympathique John Berry n'est pas épargné non plus qui, rencontré il y a dix ans à Tétouan, nous parfuma de quelques anecdotes originales liées à cette époque appelée communément la chasse aux sorcières où le Maccarthysme sévit à outrance. Le comble c'est que cela ne changea rien à la détermination des cinéastes américains toujours décidés à aller de l'avant.