La fin de la Seconde Guerre mondiale est perçue comme la victoire contre le fascisme et la défaite de l'Allemagne nazie. Elle signifie aussi un début d'occupation soviétique que la Russie refuse de reconnaître. Depuis son arrivé au pouvoir, le président Vladimir Poutine a voulu rendre à la Russie l'image de grandeur qu'elle a perdue après la chute du communisme. Une image qui reflétait la force et la puissance. Il n'a pas manqué une occasion pour rappeler avec une grande nostalgie une époque où seul le mot communisme suffisait pour faire trembler l'Europe entière. Cet amour nostalgique a poussé le chef du Kremlin à organiser une cérémonie de commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale dans un esprit rappelant l'époque stalinienne. Avec cette cérémonie, le chef du Kremlin a souhaité faire un flash-back pour rappeler aux Etats des quatre coins du globe que l'Union soviétique a énormément contribué à la défaite du nazisme. Et que son intervention a marqué la fin d'une guerre ayant traumatisé le monde entier. Il est vrai que nul ne peut contester le rôle de l'ex-URSS dans le conflit. Cependant, la fin de la Seconde Guerre mondiale était aussi un début d'une occupation soviétique des Etats baltes qui durera jusqu'en 1991. Elle a aussi renforcé les gouvernements communistes staliniens en Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie, Roumanie, Bulgarie et Allemagne de l'Est. L'origine de cette occupation date de bien avant la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 1939, l'ex-URSS signe avec l'Allemagne le traité Ribbentrop-Molotov de non-agression réciproque. Ce traité a délimité les pôles d'influences des deux puissances et a placé les États baltes à l'intérieur de la sphère d'influence de l'ex-URSS. Celle-ci débute donc la Seconde Guerre mondiale comme alliée de l'Allemagne et annexe une partie de la Pologne, la Finlande, puis les États baltes. Les Etats baltes resteront annexés par l'Union Soviétique entre 1944 et 1990, et deviennent des républiques de l'Union. Cette annexion ne fut pas reconnue internationalement et les trois pays seront considérés comme territoires occupés. En août 1989, les Baltes se révoltent. Ils organisent une chaîne humaine de 560 km de long entre les villes de Tallinn et Vilnius pour protester en souvenir du pacte germano-soviétique à l'occasion de son cinquantenaire. L'échec du putsch soviétique de 1991 va permettre aux Baltes de déclarer leur indépendance politique, que de nombreux pays occidentaux s'empressent de reconnaître. Ayant perdu toute marge de manœuvre, Moscou s'est vu obligé de suivre le mouvement et reconnaît leur indépendance le 4 septembre 1991. Pendant quarante-cinq ans, l'ex-URSS a imposé à ces pays comme à la Pologne le régime communiste. Un régime qui provoquera des blessures très profondes et difficiles à panser. Aujourd'hui, les gens qui ont vécu les difficultés et les souffrances de ces années du communisme ont du mal à dissiper leur frustration. Pour sa part, la Russie réfute toujours l'idée d'une occupation soviétique des pays baltes. En effet, dans un communiqué officiel le ministère russe des Affaires étrangères a rejeté les appels à réécrire l'Histoire de la Seconde Guerre mondiale. Réfutant la thèse selon laquelle les pays occidentaux, et en premier lieu les Etats-Unis, n'avaient pas reconnu l'appartenance des pays baltes à l'Union soviétique. «Sans parler des résultats des conférences de Yalta et de Postdam, rappelons un événement plus récent : le 1er août 1975, les dirigeants des pays d'Europe, des Etats-Unis et du Canada ont signé à Helsinki l'Acte final de la Conférence pour la sécurité et la coopération en Europe dont l'un des principaux points était la reconnaissance de l'intégrité territoriale des Etats» , a souligné le communiqué. De son côté, le ministre russe de la Défense Sergueï Ivanov a lui aussi dénoncé les affirmations selon lesquelles l'Union soviétique a occupé les Etats baltes. S'exprimant devant des anciens combattants, le ministre a déclaré qu'il s'agirait de foutaise et que c'est absurde. Personne ne peut occuper ce qui lui appartient, a-t-il avancé.