On savait les Usfpéistes en désaccord mais pas au sujet de Mehdi Ben Barka. Et pourtant. Deux événements distincts qui commémoraient le cinquantenaire de la disparition du l'icône de la gauche marocaine à Paris ont eu lieu jeudi et vendredi. Si la manifestation organisée jeudi a été purement l'œuvre de la direction actuelle de l'Union socialiste des forces populaires (USFP), la manifestation du lendemain est à mettre sur le compte d'un autre dirigeant historique de la gauche, l'ex-premier secrétaire de l'USFP et ancien Premier ministre, Me Abderahmane Youssoufi. Cela dit, c'est la manifestation du vendredi organisée par le successeur de feu Abderrahim Bouâbid qui a attiré le plus l'attention. Et pour cause. L'événement du vendredi a été marqué par la lecture de M. Youssoufi d'un message royal. Une première hautement symbolique. «Les pays se construisent sur le socle de leur histoire, avec son actif et son passif. Et un peuple sans histoire est un peuple sans identité, qui n'a pas d'avenir. Aussi, il faut tirer les enseignements de l'affaire Ben Barka et s'en servir dans l'intérêt de la Nation, pour nous aider à construire et non à détruire», a affirmé le Souverain. Louant ses qualités, Sa Majesté le Roi a rappelé que Ben Barka était un «homme de paix» et «proche de la famille royale». «Mehdi Ben Barka est entré dans l'Histoire, sachant qu'il n'y a pas une mauvaise Histoire ou une bonne Histoire. Il n'y a que l'Histoire en tant que telle, c'est-à-dire la mémoire de tout un peuple», a dit le Souverain. L'événement tenu sous le thème «La place du martyr Mehdi Ben Barka dans l'histoire contemporaine», a connu la participation de nombreuses figures nationales et internationales. La conférence a connu la participation du conseiller de SM Roi, Omar Azziman, et de l'ancien ministre des affaires étrangères algérien Lakhdar Brahimi. Pour tous les intervenants qui se sont relayés à la tribune, Ben Barka était un militant politique dans le sens global du terme, voire le fondateur de l'action politique moderne au Maroc en termes d'organisation, de communication, de mobilisation, de mise en place de réseaux et d'élaboration d'un projet politique solide et convaincant reposant sur le dialogue, la négociation et l'implication de l'opinion publique. M. Youssoufi a souligné dans son témoignage que Mehdi Ben Barka n'était pas seulement un militant politique ayant consacré son temps et sa lutte à défendre les causes et les attentes des forces populaires, mais aussi un militant tenace et réaliste, notant que Ben Barka, surnommé «dynamo» par ses compagnons, représentait une «torche flamboyante que la providence et les mauvaises mains ont soufflées à l'âge d'à peine quarante-cinq ans».