Après plus de trente ans dans les arcanes de la BNDE, son départ ouvre la boîte de Pandore. L'affaire Dellero ne fait que commencer. Son parcours est riche dans tous les sens. Mais sans coup d'éclat. Après le passage obligé du cycle supérieur de l'ISCAE, et un diplôme de Sciences eco à Madrid, il intègre la BNDE en 1966. Farid Dellero ne quittera plus cette banque, passant aisément à travers les crises et les restructurations, les changements de direction et les purges. Ceux qui l'ont côtoyé parlent d'un homme élégant en costume trois pièces, d'une mine joviale, mais qui a, au fil du temps, pris du poids au propre comme au figuré. Bref, M. Dellero est un homme sympathique. Fils de bonne famille, sans histoires, ce natif du Nord incarnait le profil idéal pour une banque dont la mission principale est le financement des activités industrielles. C'est donc tout naturellement qu'en 1994, après 18 ans d'évolution normale au sein de cette institution, qu'il atterrit enfin sur le fauteuil de P-dg. Que s'est-il passé entre cette intronisation qui récompensait, lisait-on dans la presse, la régularité et la promotion interne et l'année 2001, où Farid Dellero a jeté l'éponge? Départ négocié, provoqué, arrangé? S'agit-il d'une démission, comme le disait-on ? La zone d'ombre est complète. Farid Dellero a jeté l'éponge sans avoir mené à terme ce rapprochement entre la BNDE et la BMAO, et surtout au moment où la banque qu'il aimait tant traversait une crise profonde. Le banquier est retourné dans son Nord natal, coulant une retraite que l'on dit très active. Vieux cadre, son départ n'a pas été salué par la traditionnelle formule d'adieu, des hommages aux «bons et loyaux services rendus ». Mais bien par une enquête de l'IGF dont les conclusions ont, selon ceux qui suivent de près ce dossier, mis trop de temps pour être prises en compte. Entre-temps, la BNDE s'est vu tailler un plan sur mesure, lequel plan ressemble à s'y méprendre par sa rapidité à une tentative d'étouffer un scandale. En tout cas, ce n'est qu'en 2004, le 3 juin dernier, que la justice s'est rappelé Farid Dellero. Et depuis, les choses avancent à un rythme accéléré. Le couperet de la justice plane désormais sur la tête de l'ex-homme fort de la Banque de développement. L'ex-homme fort de la BNDE est actuellement pensionnaire de la prison civile de Salé.