Irak. L'ancien membre du Conseil intérimaire de gouvernement (CIG), Ahmed Chalabi et son neveu Salem Chalabi, qui est le chef du tribunal jugeant Saddam Hussein sont demandés par la justice irakienne. Un juge irakien, nommé par les Américains, a annoncé dimanche que l'Irak a délivré un mandat d'arrêt contre Ahmed Chalabi, un ancien membre du Conseil intérimaire de gouvernement (CIG), pour blanchiment d'argent, et un autre contre Salem Chalabi, chef du tribunal spécial irakien, pour des accusations de meurtre. Les deux hommes n'étaient apparemment pas en Irak, dimanche. D'après les mandats d'arrêt, délivrés samedi, Ahmed Chalabi est accusé d'avoir fabriqué de la fausse monnaie à partir de vieux dinars irakiens qui avaient été retirés de la circulation après la chute du régime de Saddam Hussein l'an dernier, a précisé le juge Zouheir Al Maliki. Et ce dernier de déclarer que les deux mis en cause doivent être « arrêtés et interrogés et s'il y a suffisamment de preuves, ils seront jugés ». Salem Chalabi, lui, est soupçonné d'être impliqué dans le meurtre, au mois de juin, de Haytham Fadil, directeur général du ministère des Finances. S'il est reconnu coupable, Salem Chalabi risque la peine de mort, qui a été rétablie dimanche, a souligné le juge. Si la police avait en effet retrouvé l'argent contrefait dans la maison de M. Chalabi lors d'un raid effectué au mois de mai, le neveu dément son implication et assure que le Premier ministre intérimaire, ainsi que le président irakien tentent de résoudre cette crise. « L'accusation affirme que j'aurais proféré une menace envers ce haut fonctionnaire des Finances qui enquêtait sur des biens m'appartenant. Je n'ai aucun souvenir d'avoir jamais rencontré cette personne. J'affirme par ailleurs ne lui avoir jamais rendu visite à son bureau, comme le prétend l'accusation », a déclaré, depuis Londres, Salem Chalabi interrogé à la BBC. Ce dernier, qui est juriste, a dit à CNN que les accusations lui paraissaient très bizarres. Beaucoup de questions sont soulevées par les observateurs et les spécialistes du Moyen-Orient à ce rebondissement inattendu. L'on entend de plus en plus que ce sont les Américains qui règlent leurs comptes d'abord avec celui considéré comme un ancien allié du Pentagone, qui était présenté comme un dirigeant potentiel de l'ère post-Saddam Hussein et qui a dirigé le Conseil de gouvernement aujourd'hui disparu. Ahmed Chalabi serait en réalité tombé en disgrâce ces derniers mois, après avoir été accusé d'avoir fourni à Washington de faux renseignements sur les armes de destruction massive que l'Irak était soupçonné de posséder. Plus encore, des responsables à Washington ont aussi dit qu'il était soupçonné d'avoir transmis des secrets à l'Iran et faisait l'objet d'une enquête à ce sujet. Du coup, l'homme décide de se défendre farouchement d'après ses propos livrés à reuters. Ahmed Chalabi a affirmé, par téléphone depuis l'Iran, qu'il rentrerait en Irak pour prouver son innocence et dénoncer le caractère politique de cette procédure judiciaire. «Je peux aisément prouver que ces accusations sont erronées et j'entends me défendre et laver mon nom». Il se dit victime d'une procédure «ridicule» rappelant que la commission des Finances du défunt Conseil de gouvernement irakien (CIG), qu'il présidait, a collecté des échantillons de dinars irakiens contrefaits. « Ce sont ces échantillons que la police irakienne a trouvé lorsqu'elle a perquisitionné illégalement nos bureaux en mai dernier», affirme-t-il. Des accusations donc à des fins politiques ? Une sanction de la part des Américains ? Toujours est-il que le même Chalabi avait été condamné par contumace pour fraude bancaire en 1992 par un tribunal militaire de Jordanie où il avait fondé une banque qui a fait faillite. Il a affirmé que ces accusations résultaient d'un règlement de comptes politique. Mais pourquoi la Justice irakienne a choisi ce moment exact pour s'attaquer tout à coup aux Chalabi ? Dans les grandes affaires disent les experts, on doit moins s'appliquer à faire naître des occasions qu'à profiter de celles qui se présentent.