Le débat était riche car la problématique emblématique et conditionnant les performances d'une entreprise. La conférence, organisée ce mois-ci par la Toulouse Business School, traitant de «la gestion des ressources humaines au Maroc : enjeux, défis et perspectives», a permis de mettre en exergue plusieurs aspects de la fonction Ressources Humaines. Un état des lieux au Maroc a pu également être présenté par des experts reconnus depuis des décennies dans le domaine. Capital humain, ressources humaines, talents sont autant de termes empruntés par les managers des entreprises marocaines pour définir leurs équipes selon la culture d'entreprise. «Le problème qui se pose au Maroc c'est qu'il faut qu'il y ait une véritable gestion des ressources humaines. Si la gestion est féodale, les noms ne veulent rien dire», fait remarquer, néanmoins, Ali Serhani, directeur associé de Gesper Services. Plusieurs cas existent au Maroc en effet et conditionnent la structuration de la fonction ressources humaines. «Nous avons des filiales qui répondent à une gestion dictée par la maison mère. D'un autre côté, les institutionnels et les grandes entreprises intègrent généralement une entité qui gère les ressources humaines. Malheureusement, il demeure au Maroc encore les «mouls chkaras» que je maudis et qui transgressent les lois les plus élémentaires telles que la déclaration à la CNSS. Ces derniers gèrent le personnel en leur donnant des ordres», martèle énergétiquement le cofondateur de Gesper Services. Mettre en place une gestion des ressources humaines (GRH) doit répondre à un enjeu certain de performances. «La GRH est orientée business. C'est une réalité et il faut s'y faire au Maroc». Les entreprises marocaines, surtout celles qui sont orientées à l'export, sont conscientes de cette condition sine qua non de réussite. «Elles font attention pour que l'investisseur trouve dans la GRH ce qu'il demande», explique M. Serhani. Les success-stories existent au Maroc dans ce domaine et ce, même dans le domaine du public. Le cas le plus emblématique étant la direction des Impôts qui a fait sa révolution il y a une décennie déjà sous la houlette de feu Abderrazak Mossadeq…. En véritable leader, le manager déteint soit d'une manière positive soit d'une manière négative sur la gestion des ressources humaines. Et ce n'est pas sans surprise que nous assistons à de véritables réussites dans ce domaine grâce à la femme ou l'homme qui dirige l'entreprise. Là aussi les exemples de succès abondent pour ne citer que Intelcia, OCP, la RAM… Tous à leur tête des leaders qui ont su mettre en avant leur capital humain pour atteindre des performances -ou pour sauver le navire dans le cas de la RAM-… Il reste que la gestion des ressources humaines n'est pas encore maîtrisée par tous et se trouve réduite dans bien des cas au descriptif poste, entraînant une déconnexion entre la vision des ressources humaines et la vision des opérationnels. «Le Maroc est généralement suiveur des tendances généralement calquées de la France. La fonction RH demeurant le métier qui n'a pas progressé même si des outils modernes y ont été intégrés», affirme Ahmed Assalih, DG d'Adyteam et ex-cadre de la RAM qui a fortement contribué au plan social concernant le départ des 2.000 personnes concernées à l'époque. De l'avis du professeur Hanane Alioua, la fonction RH est mise en place dans la structure en fonction des exigences environnementales. «Elle existe par obligation quand elle est dictée par la société mère. Dans d'autres cas, elle est influencée par le concurrent. Certaines entreprises procèdent par imitation. D'autres encore adaptent leur gestion des ressources humaines en fonction des pratiques effectuées à l'international». L'analyse de l'experte repose sur une enquête auprès de 180 entreprises… Les résultats vont au-delà, mais ce qui est sûr c'est que l'entreprise devra tenir compte aussi de la culture du pays. Le management interculturel représentant un élément essentiel de performance. En clair, la gestion des ressources humaines conditionne le succès d'une entreprise. «Une entreprise possédant les meilleures machines n'atteindra pas la performance si elle n'a pas le capital humain. Et à ce niveau, il y a beaucoup de choses à faire. Car la fonction ressources humaines peut mettre en place des systèmes d'évaluation individuels, de formation sans réellement avoir une gestion des ressources humaines claire. Résultat des courses, la formation de clans engendre une ambiance allant à l'encontre de l'atteinte des performances de l'entreprise», explique à juste titre Ahmed Assalih. Bref, tout est question d'Hommes et la gestion des ressources humaines quelle que soit la complexité de l'entreprise. Elle devra être prise comme un élément principal dans le cadre de l'optimisation du chiffre d'affaires de l'entreprise. La conduite de changement devant fédérer cette approche fondamentale dans certains cas. Les enjeux sont clairs.