Les 4.300 délégués ont officiellement désigné, dans la nuit de mercredi à jeudi, le sénateur du Massachusetts, John Kerry, comme candidat démocrate, aux élections présidentielles. Une candidature sur fond de sécurité nationale. Le « ticket démocrate » mènerait-il mieux la guerre contre le terrorisme? D'après le discours d'acceptation de son investiture, John Edwards, candidat démocrate à la vice-présidence des Etats-Unis, affirme que oui. « Je sais que nous avons à faire davantage pour combattre le terrorisme et protéger notre pays. Et nous pouvons le faire. Nous approchons du troisième anniversaire du 11 septembre et je peux vous dire que lorsque nous serons au pouvoir, cela ne nous prendra pas trois ans pour mettre en œuvre les réformes de nos services de renseignements dont nous avons besoin pour protéger notre pays ». C'est ainsi que John Edwards a exhorté mercredi les Américains à rejeter « la politique haineuse, négative du passé» et à adhérer au message d'espoir de John Kerry. Ce dernier a laissé mercredi le devant de la scène à John Edwards, avocat et sénateur de Caroline du Nord dont l'éloquence et l'énergie sont considérées comme un atout de taille pour la campagne électorale. Il a présenté les élections du 2 novembre comme une chance d'unifier le pays, tout en promettant aux délégués de « bâtir Une seule Amérique » qui ne soit plus divisée par les revenus ou l'origine ethnique. Cependant le fait qu'Edwards soit un « orateur de talent », dit Steve Schmidt, porte-parole de la campagne de Bush, « tous ses talents au monde ne peuvent dissimuler le fait que Kerry n'a pas une position cohérente sur la guerre en Irak et sur d'autres questions ». Confiance exagérée des républicains ou simple tactique de guerre électorale? Toujours est-il que la carte maîtresse du parti de John Kennedy repose sur le point le plus faible de l'Administration Bush. Si la grande partie du discours charmeur d'Edwards a, de fait, été consacrée aux parcours, aux qualités et valeurs de celui qu'il qualifie déjà de « notre prochain président », cela n'exclut pas la réalité révélée par les sondages et qui confirme que les Américains font davantage confiance à George W. Bush sur les questions d'anti-terrorisme. Pour les démocrates, dans un raisonnement anté-électoral annoncé, il existe deux amériques différentes, l'une pour les gens qui ont vécu le Rêve Américain et n'ont pas à s'inquiéter, et une autre pour la plupart des Américains qui travaillent dur et doivent lutter pour joindre les deux bouts. Un hommage vibrant a également été rendu aux soldats américains tombés en Irak. Ils méritent un président qui comprend sur le plan le plus personnel ce qu'ils ont traversé et ce à quoi ils ont renoncé pour leur pays, avancent les partisans de John Kerry. Du grand complexe sportif abritant la convention, le programme du tandem Kerry-Edwards pour « une Amérique plus forte et plus sûre » a été détaillé, à travers les témoignages d'anciens combattants ou de responsables militaires. Parmi eux, Steve Brozak, un ancien républicain et colonel des Marines à la retraite depuis son retour d'Irak. Ce dernier a expliqué avoir rejoint le camp démocrate après avoir été déçu de la politique du gouvernement Bush dans ce pays. En Irak, il a vu des soldats déployés plus longtemps que la période pour laquelle ils avaient signé, des équipements insuffisants et surtout à quel point il est difficile pour les soldats de savoir que le monde observe l'Amérique avec soupçon. Plusieurs responsables militaires à la retraite sont montés sur scène pendant la convention depuis son ouverture lundi. Le général John Shalikashvili, chef des armées sous la présidence de Bill Clinton, s'est présenté comme un « vieux soldat et un nouveau démocrate, car John Kerry et John Edwards sont le bon choix pour la sécurité de l'Amérique », déterminés à regagner les alliés des Etats-Unis. Après plusieurs jours de tournée dans le pays, le candidat démocrate aux présidentielles est arrivé mercredi dans sa ville de Boston. Jeudi soir, au terme de quatre jours au cours desquels tous les ténors du parti auront défilé pour le soutenir et éreinter la politique de George Bush.