Ifrane. Il en était enfin question : la justice vient d'être saisi de l'affaire du pillage du bois de cèdre commis récemment dans la forêt d'ifrane. Un scandale qui n'en finit pas de délier les langues. M. Hassan Maouni, ministère délégué chargé des Eaux et Forêts n'en revient pas et semble décidé à aller jusqu'au bout dans l'affaire de l'abattage clandestin du cèdre révélée par notre journal la semaine dernière. Dans une déclaration exclusive à ALM, recueillie à Ifrane, M.Maouni a été catégorique : « nous sommes conscients de la gravité de ce qui est arrivé à la forêt de Bakrit et nous n'allons ménager aucun moyen pour taper fort sur la main de tous ceux qui ont participé à ce massacre écologique». Et le ministre d'ajouter : « nous devons sensibiliser les juges pour qu'ils prennent en considération les conséquences néfastes de ce genre de délit forestier sur notre environnement. » Depuis vendredi dernier en effet, l'affaire qui continue à défrayer la chronique dans la région est entre les mains de la justice. Du côté de l'administration, les sanctions n'ont pas tardé aussi à venir : des forestiers ont été mutés, et d'autres seraient sur la liste en attendant la fin de l'enquête qui est en cours pour déterminer l'origine du marteau du proposé forestier utilisé frauduleusement pour marquer le cèdre volé. Et de voir un peu plus clair sur la complicité des forestiers. Le premier mis en cause dans cette affaire, selon le procès-verbal des Eaux et Forêts, est un exploitant forestier d'Azrou qui a bénéficié par adjudication publique, du lot du canton SAÂ qui a été le théâtre d'une des plus grandes opérations de coupes délictueuses du cèdre. Un massacre d'un « bien – environnement » unique au monde classé patrimoine universel. Officiellement, après vérification des souches, 424 m3 de bois d'œuvre aurait été colportés alors que presque 260 m3 en été trouvé sur le lot et saisi par les forestiers. Une importante autre quantité concerne aussi le genévrier thurifère et autres bois gisant. Ajouté à cela les quantités colportées clandestinement, on imagine aisément l'importance de la valeur économique et les dégâts écologiques des arbres volés. Approfondir l'enquête. Le scandale de Bakrit pousse d'aucuns à Azrou et ailleurs à faire la liaison entre cette affaire du vol de cèdre et les incendies qu'a connu la même forêt l'été dernier. Inhabituel, ces incendies au nombre de 18 ont dévasté plus de 1265 ha de forêts de qualités exceptionnelles. D'autant plus que des informations, font état de la disparition de 62 arbres qui auraient été sciées à ITZER. Non confirmée encore, cette information risque de bouleverser le cours de l'enquête sur ces incendies déclenchés depuis l'année dernière. En attendant, les milieux initiés s'inquiètent sur l'ampleur du phénomène des incendies qui pourraient cacher, selon ces derniers, des opérations de camouflage de grandes quantités de cèdres vols. D'autres estiment le moment opportun pour auditer les exploitations forestières arguant, avec notamment ce scandale de Bakrit, que « demain personne n'aura le droit de dire « je ne savais pas. » Les mauvaises langues ne lésinent pas aussi sur les mots pour indexer si non le vide juridique du moins la qualité des jugements rendus dans le cadre des infractions forestières qui souvent méprisent le rôle de la forêt dans la protection de l'environnement. Et encouragent des fois la dégradation des milieux forestiers. La justice va-t-elle enfin se mettre au vert ?. • Mohamed Ezzine Correspondance régionale