Une contestation interne sans précédent. Le président Yasser Arafat vit depuis dimanche dans une tourmente qu'il n'a pas réussi à apaiser en annonçant une "refonte" des services de sécurité.Qoreï laisse planer la menace d'une démission. Yasser Arafat est confronté à une vague de contestations internes sans précédent. Mis sous pression par une vague d'enlèvements menée vendredi dans la bande de Gaza par des bandes armées se réclamant du Fatah, sur fond de contestation contre la corruption, Yasser Arafat a procédé samedi à une refonte des services de sécurité palestiniens, les réduisant de huit à trois. La vague d'enlèvements sans précédent menée par des groupes armés se réclamant du Fatah, le mouvement d'Arafat, pour protester contre la "corruption" au sein de l'Autorité palestinienne, a laissé planer la menace d'une démission du Premier ministre palestinien, Ahmad Qoreï. De plus, la nomination de Moussa Arafat, le neveu du président de l'Autorité palestinienne, à la tête du principal service de sécurité, a provoqué un tollé, alors que le Premier ministre Ahmad Qoreï laissait planer une menace de démission. A l'issue d'un long entretien de quatre heures avec M. Arafat, M. Qoreï n'a fait aucun commentaire et devait revenir plus tard dans la journée pour assister à une réunion du Comité exécutif de l'OLP, que préside M. Arafat. Quelque 3.000 Palestiniens ont manifesté samedi soir à Gaza contre cette nomination et 300 autres dont une vingtaine armés, dimanche à Tulkarem, dans le nord de de la Cisjordanie, selon des témoins. Pour les Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa, en lutte ouverte depuis samedi contre la nomination du neveu de Yasser Arafat à la tête du principal service de la sécurité palestinienne, le vieux chef palestinien est plus un symbole respecté qu'une source d'autorité. Dans la nuit de samedi à dimanche, les Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa, ont pris d'assaut et incendié les locaux des services de renseignements palestiniens à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, libéré les détenus qui y étaient incarcérés, et pris les armes qui s'y trouvaient stockées. De leur côté, les Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa, groupe armé lié au Fatah (le mouvement de Yasser Arafat) mais autonome, et des responsables sécuritaires ont dénoncé la désignation de Moussa, l'accusant d'être un "symbole de la corruption" qui mine l'Autorité palestinienne. Par ailleurs, le chef de la police navale palestinienne le général Jomaa Ghali, a présenté dimanche sa démission pour protester contre la "situation chaotique qui règne dans la bande de Gaza". On a remplacé un corrompu par un autre corrompu, a, pour sa part, dénoncé un responsable sécuritaire, le colonel Youssef Issa, ex-adjoint de Mohammad Dahlane, ancien secrétaire d'Etat à la sécurité intérieure. Le nouveau chef du service de sécurité générale palestinienne, a annoncé en revanche qu'il n'avait aucune intention de démissionner. "Je ne remettrais pas ma démission. Le seul qui peut me démettre, c'est celui qui m'a nommé", a déclaré Moussa Arafat. Et d'accuser, devant les représentants des médias, le cabinet Qoreï d'être un gouvernement de "paralysie nationale" estimant que la situation devenait "intenable pour une population qui souffre à la fois de l'occupation israélienne, de l'anarchie interne et de la corruption du pouvoir". Du côté israélien, on se frotte, bien évidemment, les mains. Ainsi, le ministre israélien de la Défense Shaoul Mofaz, a affirmé à la radio publique que la refonte des services de sécurités palestinienne n'est qu'une "réforme de façade" puisque "Arafat garde le contrôle de ces services". Il a émis le vœu que cette contestation puisse "affaiblir" Yasser Arafat, qu'Israël prive depuis décembre 2001 de sa liberté de mouvement et menace régulièrement d'expulsion sinon pire. Il s'agit enfin de rappeler, toujours dans ce même cadre, que les Brigades ont annoncé mercredi qu'elles interdiraient l'entrée des territoires palestiniens à l'émissaire de l'Onu Terje Roed-Larsen, à la suite des critiques que celui-ci a formulées contre le dirigeant palestinien. Les Brigades l'ont qualifié "d'ennemi du peuple palestinien" interdisant désormais à tout responsable palestinien de le rencontrer. M. Roed-Larsen avait informé mardi le Conseil de sécurité de l'Onu que la situation dans les territoires palestiniens "tournait progressivement au chaos" et estimé que Yasser Arafat affichait "un manque de volonté politique" pour réformer l'Autorité palestinienne.