Après l'agression de l'armée israélienne contre son QG de Ramallah (Cisjordanie), assiégé et bombardé, Yasser Arafat a affirmé que ces manœuvres ne feront que «renforcer la résolution» des Palestiniens. L'armée israélienne a quitté jeudi matin la ville palestinienne autonome de Ramallah qu'elle avait occupée durant la nuit, pénétrant dans le QG du président Yasser Arafat dont elle bombardé et dynamité plusieurs bâtiments. Alors qu'on lui demandait s'il avait un message à adresser au monde, M. Arafat a répondu : « venez voir ce qu'ils (les Israéliens) font ». « J'appelle le monde entier à témoigner de cette agression fasciste et raciste contre le peuple palestinien et sa direction » a déclaré le dirigeant palestinien, indiquant que sa chambre à coucher avait été touchée durant le raid, mais qu'il ne s'y trouvait pas à ce moment-là. L'armée israélienne avait réoccupé Ramallah dans la nuit, prenant position à l'intérieur du quartier général du président palestinien. Une colonne comptant une cinquantaine de chars et de transporteurs blindés ainsi que six bulldozers était entrée dans la ville et avait pris position à l'intérieur du quartier général du président palestinien, selon des sources sécuritaires palestiniennes. Nabil Abou Roudeina, un proche conseiller de Yasser Arafat, a accusé les Etats-Unis d'avoir donné leur feu vert à Israël pour que celui-ci mène des opérations contre des villes palestiniennes, dont celle de la nuit de mercredi à jeudi contre le QG de M. Arafat à Ramallah. Un garde de M. Arafat a été tué et au moins sept Palestiniens ont été blessés durant cette opération lancée à la suite d'un attentat suicide à la voiture piégée perpétré mercredi à Meggido (nord d'Israël) et qui, outre son auteur, a fait 17 morts. La direction palestinienne, qui a condamné l'attentat, a ordonné mercredi l'arrestation des membres du Jihad islamique qui ont planifié cet attentat suicide contre un bus dans le nord d'Israël. Mais le gouvernement israélien a accusé M. Arafat d'être responsable de l'attentat, lui reprochant de ne pas agir pour faire cesser les attaques anti-israéliennes. La veille de cet attentat, le président de l'autorité avait déclaré au quotidien madrilène ABC que la destruction par Israël d'une grande partie des services de sécurité palestiniens empêche de lutter efficacement contre les attentats. abordant les réformes de l'Autorité nationale palestinienne (ANP), Yasser Arafat a affirmé que celles-ci sont une « question interne palestinienne ». « Mais nous sommes disposés à écouter nos amis européens, russes et américains, mais jamais les Israéliens », a-t-il insisté. Selon lui, il n'y aura pas d'élections « tant que persistera l'état de siège de nos villes, de nos villages, tant que la Cisjordanie continuera d'être partagée en neuf zones, qu'il sera interdit à nos femmes d'aller accoucher dans les hôpitaux et tant que nos étudiants ne pourront se rendre aux collèges et universités ». Il a indiqué que ces élections pourraient avoir lieu, « si cela est possible, en décembre ou en janvier ». Répliquant au Premier ministre israélien Ariel Sharon qui demande son départ de la direction de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat a indiqué : «ce ne sont pas ses affaires. il n'a pas à intervenir dans nos affaires intérieures ». Quant à la conférence internationale proposée sur le Proche-Orient, elle doit se tenir en prenant pour bases « les résolutions de l'ONU, le plan saoudien adopté au sommet du Beyrouth, les initiatives présentées par le quartette (Etats-Unis, Russie, Union Européenne, ONU), le plan Tenet, le rapport Mitchell, c'est-à-dire tout ce qu'Israël a ignoré et violé de façon systématique», a-t-il estimé.