Une fuite de gaz a eu lieu hier à la Samir, heureusement l'incident a été rapidement contenu. La direction de la Samir a suspendu un cadre qualifié de "bouc émissaire" par ses collègues. Encore une fois, une fuite de gaz a eu lieu dans la raffinerie de la Samir. Les deux citernes (appelées "cigares" dans le jargon des raffineurs), en l'occurrence la 86D1 et la 86D2, ont failli causer une nouvelle catastrophe humaine et écologique à Mohammédia. Selon des cadres de la Samir, cette fuite de gaz s'est déclenchée, mardi matin, sans qu'aucun feu ne soit déclaré. Des militaires, des gendarmes et des pompiers se sont rapidement rendus sur place pour constater l'ampleur de l'incident. Fort heureusement, l'incident a été rapidement maîtrisé. Les causes de cette fuite n'ont pas été révélées, mais vraisemblablement il pourrait s'agir d'une autre conséquence du manque d'entretien flagrant des installations de la Samir. Ce nouvel épisode a eu lieu en moins d'une semaine d'un incendie qui a ravagé une énorme citerne de la raffinerie. D'ailleurs, l'enquête se poursuit toujours pour déterminer les responsabilités de chacun. En attendant les conclusions de cette enquête, la direction de la Samir a décidé de suspendre un cadre de la société, comme s'il était le responsable numéro un de l'incendie du 18 septembre. Mardi matin, il a été carrément interdit d'entrer au sein de la centrale de raffinage. La veille, il a été écouté par les agents de la police judiciaire. Il s'agit du chef de service des mouvements des produits. En fait, les incendies ne sont pas dus à des erreurs isolées de la part d'un ou de deux employés de la Samir. C'est un problème structurel. A ce titre, plusieurs employés estiment que le chef de service des mouvements des produits n'est rien d'autre qu'un bouc émissaire. "La direction de la Samir veut, à n'importe quel prix, jeter sur la place publique un employé afin de bloquer l'enquête sur l'incendie du 18 septembre", souligne un des cadres de la Samir. Et d'ajouter que "certains craignent que l'enquête ne détermine la totale responsabilité des hauts dirigeants de la Samir". L'enquête sur l'incendie du 18 septembre est, rappelons-le, diligentée par plusieurs corps de la sécurité. Il s'agit notamment des Renseignements Généraux (RG), la DST, la gendarmerie royale et la police judiciaire de Mohammédia. "La vérité va éclater au grand jour et plusieurs têtes vont tombées", promet un autre cadre de la Samir qui a évidemment requis l'anonymat. Pour ce qui est du cadre suspendu, les syndicalistes essayent de convaincre la direction de la Samir de le réintégrer. "Mais c'est une tâche assez difficile", assure un responsable syndical. La CDT avait rendu public un communiqué dans lequel elle se contente de dire "pas de commentaire". Ce silence est assez curieux, puisqu'au lendemain du premier incendie, le 25 novembre 2002, la CDT avait fait un véritable tapage médiatique. Aujourd'hui, tous les employés espèrent que la CDT, syndicat majoritaire à la Samir, puisse jouer un rôle efficace pour accélérer la mise à niveau des équipements de la Samir afin de faire de cette société un fleuron de l'industrie marocaine, capable de concurrencer le raffinage dans l'espace euro-méditerranéen.