Quatre ans après son escale à Gibraltar, pour y réparer son réacteur nucléaire, le sous-marin britannique “Tireless” est de nouveau à Gibraltar. L'Espagne proteste. La tension diplomatique monte entre l'Espagne et la Grande-Bretagne après l'annonce par Londres du retour du sous-marin nucléaire britannique "The Tireless" au port de Gibraltar cette semaine. Rappelons que la réparation de ce sous-marin, il y quatre ans, dans ce même port suite à une panne dont il a souffert dans l'un de ses réacteurs nucléaires, avait suscité de grandes protestations des responsables et de la société civile en Espagne et à Gibraltar. Jeudi, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a affirmé que son gouvernement "prend note de l'acte peu amical" que représente l'arrivée vendredi du Tireless à Gibraltar pour y faire une escale et a signalé que cet incident pourrait affecter les relations entre les deux pays. Moratinos a fait cette déclaration à la presse lors d'une conférence qu'il a tenue à Barcelone après avoir constaté que "les efforts" de son homologue britannique, Jack Straw, "ne donneraient aucun résultat" et qu'il ne pourrait pas éviter un "geste inacceptable et peu amical de la part de la Marine britannique". Le chef de la diplomatie espagnole a confirmé que le secrétaire d'État aux Affaires étrangères pour l'Amérique latine, Bernardino Leon, a convoqué, jeudi, l'ambassadeur britannique à Madrid, Stephen Wright, pour lui faire part de la protestation espagnole contre ce que l'Espagne considère "un acte peu amical qui s'inscrit dans une série inconvenante d'attitudes qui ne sont pas favorables au maintien du dialogue et à la volonté de travailler et de coopérer ensemble". Cependant, Moratinos a assuré que la présence du "Tireless" que le gouvernement espagnol veut qu'elle soit "sûre et courte" va avoir un impact sur le développement des relations entre la Grande-Bretagne et l'Espagne. "Bien que le gouvernement britannique a offert toutes les garanties en matière de sécurité, politiquement, l'Amirauté britannique continue à provoquer de manière réitérée", a indiqué Moratinos. "Nous verrons comment se développera dans le futur notre volonté de coopérer avec le Royaume-Uni, avec lequel nous partageons des espaces de solidarité et de compromis dans d'importantes tâches de sécurité et de paix internationales" a-t-il ajouté. Mais, il n'a pas voulu donner plus de précisions. "Nous voulons avoir le meilleur niveau de relations avec le Royaume-Uni, mais nous examinerons et évaluerons une série d'actions qui ne semblent pas indiquer la volonté du gouvernement britannique à diriger dans un esprit d'amitié et de coopération les relations avec l'Espagne". Il a aussi ajouté : "Nous manifestons notre préoccupation profonde pour une série d'actes et mouvements qui ne correspondent pas au degré de compromis politique que deux partenaires européens doivent avoir". Enfin, Moratinos, a saisi l'occasion pour lancer un message aux populations de la région avoisinant Gibraltar que "toutes les mesures de sécurité ont été prises". Ce nouvel incident concernant la colonie britannique se produit à peine quelques semaines après que le ministère des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur Wright pour lui manifester le mécontentement espagnol suite à la présence de la princesse Ana d'Angleterre lors de la célébration du tricentenaire de l'occupation britannique de Gibraltar. Il est à signaler que la première escale du "Tireless" à Gibraltar était due à un dysfonctionnement du système de réfrigération de son réacteur nucléaire, alors qu'il croisait au large de la Sicile. L'arrivée du sous-marin avait aussitôt causé une vive inquiétude parmi les Gibraltariens, mais aussi et surtout dans les villes espagnoles situées près du rocher. Au Maroc aussi, le problème avait été soulevé et le gouvernement marocain avait alors assuré que la situation était suivie de près par les experts du Centre national de l'énergie atomique (CNESTEN) assurant ainsi que la population marocaine au Nord du pays ne courait aucun danger. Pour ce qui est de cette nouvelle escale, aucune réaction du gouvernement marocain n'a encore été enregistrée.