Malgré l'accord trouvé vendredi entre les autorités britanniques et espagnoles, de l'autre côté du détroit les Gilbraltariens n'ont pas dit leur dernier mot. «Il y a plus de chances pour que l'enfer gèle que pour que la population de Gibraltar vote un jour en faveur d'une souveraineté partagée avec l'Espagne», a affirmé vendredi Peter Caruana, le premier ministre de Gibraltar. Le responsable de la colonie britannique comme le reste de la population n'ont en effet pas mis longtemps pour rejeter l'accord sur le principe de partage de la souveraineté de Gibraltar entre Londres et Madrid. Et l'opposition conservatrice britannique de crier à son tour à la «traîtrise». «Vous ne voulez vraiment pas comprendre que les habitants de Gibraltar ne voteront pas pour abandonner leur souveraineté britannique et ils auront raison» a martelé Michael Ancram du parti Tory. Le futur statut de ce «rocher» de six kilomètres carré, situé au nord du détroit, côté espagnol, est donc loin de faire l'unanimité. Vendredi, lorsque le ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw a annoncé que «certains principes généraux» avaient fait l'objet d'un accord avec Madrid, il a précisé que ceux-ci supposaient «que la Grande-Bretagne et l'Espagne partagent la souveraineté sur Gibraltar». «Nous considérons qu'il s'agit d'une nouvelle positive», lui a répondu samedi un porte-parole du ministre espagnol des Affaires étrangères. Reste que les négociations bloquent toujours sur certains points, notamment la durée de ce partage. Jack Straw a aussi répété que tout accord définitif devrait obtenir l'aval des 30.000 habitants de Gibraltar par référendum. Ce à quoi l'Espagne est opposée, consciente de l'impact qu'une telle initiative pourrait avoir sur certaines des provinces espagnoles, notamment le Pays basque. La Grande-Bretagne a également répété qu'elle conserverait coûte que coûte sa base militaire sur le rocher, où stationnent ses sous-marins. L'Espagne, elle, ne cesse d'arguer que les négociations portent «sur la question de la souveraineté sur ce territoire, y compris les installations militaires». Ces premiers principes adoptés depuis le lancement des pourparlers en 2001 devaient normalement aboutir à un «accord permanent» cet été. Mais il semble que cette mini-colonie, qui permet de contrôler l'entrée en Méditerranée, n'est pas prête de sortir d'un statut qui lui a été imposé en 1713. Lors du référendum organisé en 1967, les Gibraltariens ne s'étaient-il pas déjà prononcés en faveur de la souveraineté britannique par 12.138 voix contre 44 ?