Le milieu Luka Modric a sacrifié ses cheveux mi-longs pour célébrer sa réussite avec le Real Madrid et table sur la confiance emmagasinée en Ligue des champions pour replacer la Croatie parmi les meilleures nations de la planète au Mondial. L'attente fut tellement longue ! Une saison de prestations insipides, de mimiques destructrices de son entraîneur Jose Mourinho et un tombereau d'interrogations. Arrivé durant l'été 2012 à Madrid, après quatre saisons brillantes et un transfert en provenance de Tottenham digne des plus grands (44 millions d'euros), Modric a attendu une saison avant de justifier la dépense de son nouveau club. En un an, il est passé du statut de bête noire à celui de chouchou du public de Santiago-Bernabeu. Elu pire transfert de l'année 2012 par les internautes du journal madrilène Marca, il est désormais reconnu pour son abnégation dans l'entre-jeu et sa capacité à transpercer les lignes adverses. "La saison dernière, j'ai joué quelques bons matches, mais les résultats ne suivaient pas", s'est-il justifié dans un entretien à la BBC. Le "Modric nouveau" Âgé de 28 ans, le "Modric nouveau" a célébré cette métamorphose en sacrifiant sa chevelure d'ordinaire retenue par un serre-tête, après le succès en Ligue des champions, fin mai, face à l'Atletico Madrid. "Je ne suis pas superstitieux, plaisantait-il mardi à ce sujet. Au moins j'ai l'air plus jeune, et si ça ne va pas, je mettrais une perruque." Et avec son nouveau look, il ambitionne de replacer la Croatie dans le gotha planétaire, comme en 1998 lorsque l'équipe entraînée par Miroslav Blazevic échoua en demi-finales face à la France, pays-hôte et futur champion. L'international aux 75 sélections (8 buts) sait désormais qu'il porte une bonne partie des espoirs de son équipe. "Personnellement, je ne sous-estimerais pas la Croatie, prévenait-il il y a quelques mois. Nous avons toujours bien joué dans les grandes compétitions, que ce soit à l'Euro ou à la Coupe du monde (…) Nous sommes dans un groupe difficile mais nous espérons y parvenir". Surmonter les épreuves et déjouer les pronostics a longtemps été le quotidien de Luka Modric, dont la famille a été durement ébranlée par les années de conflit en ex-Yougoslavie. Le Brésil: "besoin de gagner" Trop petit, trop frêle, le joueur recruté par le Dinamo Zagreb a dû partir s'endurcir à 17 ans dans le Championnat de Bosnie, avec un prêt au Zrinjski Mostar, pour convaincre enfin. Recruté par Tottenham après un Euro-2008 brillant – Modric avait été retenu dans l'équipe-type de la compétition -, le Croate a ensuite fait son trou en Angleterre, musclant son jeu pour pouvoir rivaliser physiquement. Au Real Madrid, qui l'a acquis à l'été 2012, l'adaptation a certes tardé. Mais le départ du milieu allemand Mesut Özil à Arsenal et l'arrivée de l'entraîneur italien Carlo Ancelotti ont favorisé la montée en puissance de ce meneur moderne et technique, précieux pour son apport défensif, sa vision du jeu et sa percussion. "Quand l'équipe adverse est très regroupée derrière, la possibilité (qu'il offre) de générer des un contre un nous donne davantage de chances", résume Ancelotti. Avec sa voix grave et son sourire timide, Luka Modric aborde désormais la Coupe du monde avec son habituelle réserve, mais pas sans ambition malgré une entrée en lice qui s'annonce délicate en match d'ouverture, jeudi contre le Brésil. "Bien sûr ce sera très difficile", admet Modric, espérant "que nous pourrons montrer nos qualités et battre le Brésil". "Je ne pense pas que ce soit la pire situation pour nous", a-t-il dédramatisé dès le tirage au sort connu, au contraire: "Ils ont besoin de gagner, alors que nous, nous n'avons pas autant de pression."